Winch est de retour !
Largo Winch, le milliardaire en blue jeans, est de retour ! Philippe Francq et Jean Van Hamme signent en effet le treizième volet de la saga multinationale : Le prix de l'argent. Ils y abordent un sujet brûlant d'actualité : la mondialisation et les délocalisations.Largo, à la tête du puissant groupe W, apprend la délocalisation de l'une de ses entreprises, délocalisation qui met à la rue 2500 travailleurs. Evidemment, il passe alors pour le méchant capitaliste qui se fout de ses employés et qui préfère exploiter une main d'oeuvre à moindre coût dans les pays pauvres.
C'est étrange : on s'offusque toujours du licenciement des travailleurs de l'unité de production d'un pays d'une entreprise qui délocalise, sans jamais se réjouir de tous les emplois que cette entreprise va créer dans un autre pays - pays qui lui a généralement bien besoin de ces emplois !
On qualifie le travail dans les pays pauvres d'exploitation, on accuse le PDG de Nike d'être un tyran capitaliste qui asservie les petits indiens... On oublie que dans ces pays pauvres, la plupart des gosses qui n'ont pas l'opportunité de travailler pour Nike, se livrent à la prostitution pour un revenu qui parfois ne leur permet même pas de survivre...
Bien sûr, le plus lamentable est la réaction des politiques face à ces délocalisations : ils en accusent la "mondialisation libérale", et se proposent de lutter contre en augmentant toujours plus les taxes et les réglementations... Mais si les entreprises délocalisent, c'est précisément pour fuir ces réglementations et taxes excessives !
On envisage pour seule solution à la misère sociale de taxer les créateurs de richesses, encore et toujours plus. Et quand ces taxes empêchent soudain les entrepreneurs de tirer un profit de leur action, et donc démotivent par-là même leur travail, on leur crache dessus parce qu'ils décident d'aller voir ailleurs ! On aimerait même les retenir et les forcer à travailler encore ! On voudrait en faire les esclaves des soi-disant "exploités" !
C'est donc à ce sujet très sensible que Van Hamme et Franck ont décidé de s'attaquer. Ils en proposent une lecture à la fois originale et pleine de bon sens : tout ne se réduit pas à des mécanismes aussi simples qu'on pourrait croire, et qu'il suffirait de bien "administrer" pour en éviter les dérives ; tout est très complexe au contraire, et les dérives ne sont pas là où on les attend.
Winch porte le chapeau parce qu'il est ce grand patron très puissant qui inspire nécessairement la méfiance, alors qu'en fait ce héros des temps nouveaux est peut-être bien le seul à vouloir encore se ranger du côté de la vérité, même pour son propre désavantage !
Bonne lecture !
3 commentaires
Ce nouvel album est excellent (j'ai lu la première partie dans mon programme TV).
Pour une fois qu'un bédéiste connu et très vendu présente le monde des affaires sous un jour intéressant et pas bêtement anti-mondialiste ou anti-libéral, tu as bien raison de le souligner.
Ils en ont même fait une série télé (à quand la suite d'ailleurs ?) plutôt pas mal mais nettement plus caricatural que la BD. Un comble !
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