Sept raisons contre les subsides agricoles
Ainsi donc, les 150 pays membres de l'Organisation mondiale du Commerce ont soutenu mercredi un appel en faveur d'une relance totale du cycle de négociations de Doha sur une libéralisation des échanges commerciaux dans le monde, suspendu en juillet en raison de profondes divisions entre les différentes parties. Cependant les États-Unis ont beau avoir présenté un nouveau projet de loi d'orientation agricole, pour l'Union européenne, il ne sera que de peu d'effets sur les subventions versées aux producteurs américains. Or Bruxelles estime avoir fait sa part de concessions dans les négociations de l'OMC et attend plus de Washington. Voilà qui risque de prolonger le gel des négociations de l'OMC sur la libéralisation du commerce mondial. Comme on le voit, tout le monde reste sur ses positions, l'obstacle des subsides agricoles semblant être insurmontable. Or rien n'est plus faux : non seulement ces subsides peuvent facilement être éliminés, mais en plus, les agriculteurs en seraient les premiers bénéficiaires, comme le démontre l'expérience néo-zélandaise.
La Nouvelle-Zélande a eu une longue histoire d'aides et de subsides aux producteurs agricoles. Jusqu'au jour où les problèmes dérivés de ce système furent si évidents que les « bénéficiaires » eux-mêmes furent convaincus que le meilleur chemin pour retrouver la prospérité était d'éliminer les subsides et de laisser faire le jeu de la libre concurrence. Laura Sayre, du Rodale Institute - une institution leader dans la recherche et la promotion de l'agriculture régénérative - synthétisait, il y a quelques temps déjà, sept raisons pour lesquelles les Néo-Zélandais, agriculteurs en tête, appuyèrent la fin des subsides à la production agricole et à l'élevage dans leur pays :
Ces subsides généraient la jalousie entre les agriculteurs et les éleveurs eux-mêmes car, inévitablement, une partie de ceux-ci se sentaient moins favorisés que d'autres, ou même préjudiciés par les « aides » perçues par leurs concurrents.
Ces subsides généraient également du ressentiment chez les consommateurs qui payaient deux fois pour le même produit, d'abord au travers de l'impôt et ensuite à cause des prix plus élevés des aliments.
Ces subsides encourageaient la surproduction, ce qui généraient périodiquement un effondrement des prix du marché, lançant ainsi un cercle vicieux : les producteurs réclamant plus d'aides pour compenser la baisse de leurs revenus, la surproduction redémarrait de plus belle, etc. Le comble de l'absurdité étant que l'on en arrivait à payer des producteurs pour qu'ils ne produisent plus.
Cette surexploitation irrationnelle de la terre - pour profiter au maximum des subsides - causèrent de graves dégâts environnementaux.
Une grande partie de l'argent des subsides bénéficiait plus aux fournisseurs et à d'autres secteurs reliés indirectement aux champs qu'aux producteurs eux-mêmes. Bien entendu, ceux qui étaient les vrais perdants à tous les coups étaient les consommateurs.
Des distorsions supplémentaires au marché se créaient comme l'inflation dérivée sur la valeur des certaines terres seulement sur la base du fait que les posséder permettait l'accès aux subsides.
Enfin, ces subsides créaient des incitants pervers comme attribuer des subsides supplémentaires pour améliorer les terrains de ceux qui n'en prenaient pas soin, au détriment de ceux qui, de manière responsable, y avaient été de leurs deniers pour entretenir et conserver leurs terres en bon état.
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