28.5.04

Racisme ordinaire

Imaginez. Je porte des lunettes.
Etant fatigué et devant prendre la route, mon épouse conduit pour me permettre de dormir un peu.
Sur la route, ma femme dépasse les limitations de vitesse déterminées par l'Etat.
Un radar ayant détecté le mauvais citoyen que ma femme représente, averti la gendarmerie du méfait qui nous interpelle au péage.
Et là, oh miracle, le gendarme estime qu'une femme ne peut pas conduire si vite, mais que moi, comme je porte des lunettes, je suis forcément responsable du délit.
Ridicule, me direz-vous.

Et maintenant voilà l'histoire réelle :
Mon beau-frère est noir. Togolais. Marié avec la soeur de mon épouse.
Jusque là, rien de plus banal.
Mais voilà. Ma belle-soeur et son époux vont à Creil et prennent l'autoroute. Lui est fatigué (c'est un noir, mais il s'en est sorti, il est honnête, il travaille, lui a t-on déjà dit !), ayant beaucoup travaillé. Alors, elle prend le volant. Et elle dépasse une limitation à la con. Elle roule à 150 km/h ; un radar volant la repère et notifie l'infraction au code de la route.
Normal.
Au péage, les gendarmes arrêtent la voiture.
Normal.
Et là, on demande le permis de conduire. Mais, on réveille le noir. Car, comme la vitesse était excessive, ce ne pouvait être madame qui conduisait. C'était forcément le noir.
Bon, un noir, ça a quelques difficultés à conduire lorsque ça dort. Mais bon, si monsieur ne fourni pas ses papier, il fait obstruction à la justice. Alors, il se tait et il donne ses papiers.
Et voilà, mon beau-frère vient de vivre une nouvelle séance de racisme au quotidien. Lui, il est blasé, il ne relève plus.
Et voilà, encore une violence produite par l'Etat sur un individu. Parce que l'individu est noir, il est membre d'un groupe et ne peut être considéré comme un être unique, à part entière, un individu digne de ce nom.

Alors, j'espère que jamais un homme de l'Etat ne décidera que les hommes à lunettes valent moins que les autres.


Liberté d'expression, au revoir...

Et voilà, ça y est, la France est épinglée par Reporters Sans Frontières, à côté de la Lybie, la Biélorussie, l'Iran...

Je ne vais pas parler du rapport d'Amnesty International, qui, pour être véridique (c'est-à-dire qu'il ne contient rien de spécifiquement faux), n'en est pas moins politiquement très orienté ; non, je vais simplement rappeler à la réalité les quelques petits malins qui se félicitent qu'on ôte la parole aux imams.

Historiquement, dans notre beau pays, les lois limitant la liberté d'expression n'ont jamais été utilisées contre la gauche. Jamais. Croyez-vous que ça va changer?

Ce qui caractérise la vérité, c'est qu'elle brille par sa cohérence face au mensonge, à l'erreur et à l'absurdité. Millière contre l'imam de Vénissieux? Ca ne fait pas un pli.

Mais si on fait taire une opinion, alors on ouvre une porte par où s'engouffre la tempête. En politique, les foutaises précèdent souvent la thèse et l'antithèse, et il est fort probable que si les imams ne peuvent plus s'exprimer, leurs amis alterréalistes réclameront et obtiendront que leurs adversaires ne le puissent pas non plus.

Deux situations possibles donc : dans l'une, la Vérité parle, le Mensonge parle, et la Vérité triomphe ; dans l'autre, on interdit le Mensonge, puis la Vérité, et seule une élite sait encore quelles sont les opinions des uns et des autres.

Ne laissez pas passer la censure de vos pires ennemis, car elle pourrait bien être un adversaire bien pire encore.


Brigitte s'excite

Brigitte Grouwels est à la vie politique bruxelloise ce que les dépôts d'ordures clandestins sont à ses bords de routes: un cadeau de plus de nos amis flamands.

La dernière trouvaille de "ons Brigitte", qui cherche évidemment à se faire remarquer en ces temps pré-électoraux, ç'a été de partir en guerre contre le clavier "azerty". Le clavier "azerty" serait en effet une immonde invention francophone conçue spécialement pour pourrir la vie des Flamands en général, et de Brigitte en particulier.

Les téléspectateurs francophones ont donc eu droit à un reportage où l'on voyait Brigitte tapoter à deux doigts sur un portable équipé du très germanique clavier "qwerty", et déclarer avec le plus pur accent de Zichen-Zussen-Bolder que "ça est quand même plus facile pour les Flamands".

Ce que Brigitte, tout à son combat émancipateur, omet de signaler, c'est que le clavier "qwerty" a été conçu pour des dactylos qui tapent à dix doigts et à la vitesse de l'éclair, et non pour les politocardes tapant trois mots à la minute de leurs deux index. De plus, le clavier "qwerty" a probablement été adopté en raison de ses qualités ... anti-ergonomiques ! Une dactylo tapant trop vite sur une machine à écrire mécanique risque en effet de la bloquer. Depuis que ce problème technique ne se pose plus, faute de machines à écrire mécaniques, les pays qui avaient adopté le fichu "qwerty" essaient en vain de s'en débarasser. Ou pensez-vous que Brigitte l'ignore ?

Tout cela pour dire que j'espère que vous n'êtes pas trop déçus de constater que certains politiciens se fichent complètement de l'intérêt réel des mesures qu'ils proposent. Mais rassurez-vous, cela ne vaut que pour une infime minorité d'entre eux...


Mélomanes plumés: la suite

Un hasard heureux m'a mis en possession du texte de l'ordonnance que j'épinglais hier.

Evidemment, le journaleux de La Libre Belgique, quotidien "de référence" également connu sous le doux surnom de "Léopoldine", n'a rien compris à la décision qu'il commentait (Prés. Trib. civ. Bxl., 25 mai 2004, RR 2004/46/A, non publié).

A sa décharge, c'est alambiqué.

Le raisonnement est le suivant: la copie privée est une exception au droit d'auteur, et cette exception (pourtant impérative...) ne serait qu'une cause d'immunité, c'est-à-dire une protection contre des poursuites, et non pas un droit. En d'autres termes, la copie privée serait exclusivement une défense que l'on peut invoquer contre une action en contrefaçon, et non un droit propre dont on peut exiger le respect devant un tribunal.

Yeah !

L'association de consommateurs qui avait lancé l'action a également invoqué, pour preuve de l'existence d'un droit à la copie privée, l'art. 55 de la LDA (Loi sur le droit d'auteur), qui prévoit que l'auteur a droit à une rémunération... pour la copie privée ! La LDA met le paiement de ces montants à la charge, non pas des personnes qui ont effectué la copie privée, mais des fabricants de graveurs et de disques vierges. Cette "rémunération" est fixée en fonction du volume des ventes de graveurs et de disques vierges, sans que l'auteur ne doive prouver que des copies privées ont effectivement été réalisées. Soit dit en passant, encore un bel exemple de socialisme en action !

Le tribunal, décidément en verve sophistique, a cru pouvoir en déduire que cette indemnité est la contrepartie, non pas de la copie privée elle-même, mais de la reconnaissance légale de la copie privée.

Re-yeah !

Et on s'étonne que les juristes aient mauvaise réputation.

Un de ces jours, je vous expliquerai comment on obtient en Europe des brevets d'invention pour des logiciels, alors que la législation l'interdit expressément. Si vous êtes sages.


27.5.04

La cigarette

Le gouvernement taxe nos cigarettes. Pourquoi ? Pour notre santé ? Non, encore une fois, le gouvernement ment.

Afin d'améliorer la santé des français mais surtout l'état de son budget, le gouvernement français taxe toujours plus la cigarette. Le résultat est là : la consommation de cigarettes chute en France.
Les dernières études sanitaires montrent que :
1 - un gros consommateur diminuant sa consommation de cigarettes n'améliore pas sa santé. Le cerveau, n'en déplaise à nos ministres, s'adapte. Ayant besoin de ses toxines, il adapte l'attitude du consommateur (façon de tirer sur la cigarette, respiration...) afin d'optimiser ladite consommation. Et voilà qu'en passant de trois paquets à deux paquets, notre fumeur consomme toujours autant de saloperies.
2 - certains consommateurs se tournent vers les produits lights. Mais là encore, le cerveau adapte le mode de consommation du fumeur afin d'optimiser l'utilisation du produit (respiration par le nez, puissance de l'aspiration...)
3 - les jeunes se tournent plus souvent vers les cigarettes roulées. Ces cigarettes sont bien plus nocives pour la santé. Pas de filtre, dose plus forte... et j'en passe font de ces cigarettes des produits bien plus agressifs pour l'organisme. Et c'est sans compter sur la propension du fumeur de cigarettes roulées à se tourner vers d'autres produits moins softs.
Ce n'est pas parce que la consommation globale de cigarettes diminue que la consommation individuelle de produits nocifs suit la même pente. Bien au contraire. Encore une fois, un gouvernement applique une politique volontariste qui aboutit aux effets inverses de ses objectifs.
Comme le disait Rothbard, l'homme, à la différence du caillou, possède un cerveau, ce qui rend aléatoire ses réactions face à une situation.

Tout libéral, même si, comme moi, n'est pas fumeur doit demander d'arrêter cette surtaxation, atteinte à notre liberté individuelle de consommateur !


La justice belge vendue à l'IFPI ?

Lorsque l'oeuvre a été licitement publiée, l'auteur ne peut interdire: (...) les reproductions des oeuvres sonores et audiovisuelles effectuées dans le cercle de famille et réservées à celui-ci. (art. 22,§1,5° de la loi belge sur le droit d'auteur)

Ca parait clair, et pourtant le Tribunal de première instance de Bruxelles vient de juger que les dispositifs anti-copie sur les compact discs (vous savez, ceux qui empêchent de les écouter dans la bagnole) sont licites. Le tribunal aurait semble-t-il estimé que l'exception de copie privée ne trouverait pas à s'appliquer parce "l'exception au droit d'auteur n'est pas l'exercice de ce droit". Ne vous fatiguez pas, je n'ai pas compris non plus.

Le résultat pratique de ce sophisme surréaliste est que le consommateur est frustré d'un des rares droits que lui reconnait encore la loi, hors celui, bien entendu, de cracher au bassinet.

Entre "corporate welfare" et "welfare" tout court, on n'arrête décidément pas de rigoler dans le Royaume Soviétique de Belgicanie.