A l'Huma, on commence à comprendre
Suite à la décision
05-D-58 du Conseil de la Concurrence dont nous avons parlé
ici même sur ce blog, l'Huma s'en fendu d'un article incompréhensible comme à son habitude.
D'abord, on apprend que cette décision est partiale, car elle juge sur un pied d'égalité une "multinationale" et le SEDIF :
[Le Conseil] vise dédouaner la multinationale en mêlant au même opprobre une collectivité publique." Le Sedif est en effet un syndicat intercommunal constitué par 144 communes (4,2 millions d’habitants) pour assumer un service public essentiel : produire, stocker et distribuer en réseau une eau potable satisfaisant aux normes les plus sévères. Ses organes sont composés d’élus de toutes sensibilités politiques de droite et de gauche.
Jolie justification, n'est-ce-pas, tout ça est paritaire, gauche, droite, tout le monde se tient par la barbichette, donc c'est super, non?
Et là, la Révélation de l'Huma:
Dans un premier temps, [le Conseil] assène un postulat idéologique : « Il existe un marché dès que se révèlent et se confrontent une offre et une demande. » À cette aune, la quasi-totalité des activités et relations humaines relèveraient de la sphère marchande.
Non, pas de la sphère marchande, du
marché tout simplement. Et pour comprendre la différence, laissons parler
un économiste de renom :
Free market is a summary term for an array of exchanges that take place in society. Each exchange is undertaken as a voluntary agreement between two people or between groups of people represented by agents. These two individuals (or agents) exchange two economic goods, either tangible commodities or nontangible services.
[..]
Both parties undertake the exchange because each expects to gain from it. Also, each will repeat the exchange next time (or refuse to) because his expectation has proved correct (or incorrect) in the recent past. Trade, or exchange, is engaged in precisely because both parties benefit; if they did not expect to gain, they would not agree to the exchange.
Et l'article se termine par l'aveu sans ambiguïté, toujours, de l'alliance explicite des partis français pour plumer le peuple, en empêchant le libre accès à une eau moins chère, de meilleure qualité, en perpétuant les rentes de situation des monopoles d'Etat :
Lors d’une conférence de presse, vendredi au Sénat, a été présentée une motion de réaction adoptée à l’unanimité par le comité du SEDIF où siègent les représentants des 144 communes membres. Le texte est contresigné par les membres du bureau parmi lesquels on compte des communistes ou apparentés, des socialistes, des UDF, et des UMP. Christian Cambon, élu UMP, pris au piège du discours dominant, n’a pas été en reste pour dénoncer avec raison et une heureuse inconséquence « l’aveuglement ultralibérale du Conseil de la concurrence qui s’arroge un pouvoir exorbitant ». Le SEDIF entend user de tous les recours pour faire cesser le scandale. Des amendements au projet de loi sur l’eau ont été déposés dans le même sens.
Décidément, nous autres libéraux, sans pouvoir, sans relais politiques, sans partis, sans représentation dans quelque instance étatique que ce soit, avons une capacité de nuisance que nous ne soupçonnions pas. C'est donc de ma faute, de ta faute aussi à toi le lecteur libéral, si ces organismes étatiques se chamaillent pour des rentes de situation.
Et toujours, l'excellente PDG de la Sagep, qui se félicite de la décision en ces termes :
Il faut en finir avec ces pratiques dignes des républiques bananières qui aboutissent toujours à léser le citoyen, qu’il soit consommateur ou contribuable. Il faut en finir avec ce partage du territoire par de grands groupes privés[..]
Et ce, alors même que la décision du Conseil de la Concurrence démontre que ce sont des organismes publics qui se sont entendus pour se partager le territoire : les lettres échangés entre Santini et Tibéri en sont, comme le Conseil l'a démontré, la preuve indiscutable.
Un exemple presque caricatural....
..... de ce qui se passe quotidiennement dans les instances de l'Etat français.
D'abord, quelques petits éléments de contexte : le Sedif, c'est le Syndicat des Eaux d'Ile-de-France, un organisme publique "propriétaire" du réseau d'eau des 144 communes d'Ile-de-France.
La Sagep, c'est son homologue, également en charge de la distribution de l'eau mais à Paris. Toutes deux délèguent, du reste, ce travail aux deux grosses entreprises du secteur, la Générale et la Lyonnaise des Eaux.
Maintenant, une citation :
[Je suis] dernier rempart contre l'ultralibéralisme : chez nous, le mot concurrence n'existe pas, mais le conseil du même nom est en train de marchandiser l'eau
C'est André Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux, et président du SEDIF depuis des années, qui a dit cela, dans le cadre d'une affaire dont je parlerai plus bas. Ce monsieur passe pourtant pour un libéral.
Mais que disent les communistes de Santini ? Voici
un extrait de l'Humanité.
Que Santini dépasse Copé ou l’inverse, la réunion des deux partis UMP et UDF au second tour [des régionales] se fera sur des objectifs communs, ultra libéraux, antisociaux, que le Front national pourra très bien avaliser. Car si l’Île-de-France, région la plus peuplée de France, la plus riche d’Europe, concentre les plus grandes inégalités, la droite ne dissimule pas son désir de pousser toujours plus loin l’exercice libre du marché. Elle souhaite faire de la région parisienne un laboratoire dans la grande compétition mondiale.
Curieux n'est-ce pas? Sauf si on se rend compte que dans la bouche des communistes ou de Santini, "ultra-libéral" signifie "le Mal" ou "connard", tout cela est assez contradictoire. D'après les cocos, donc, Santini est un adepte du libre marché, ce qui est une affirmation surprenante au vu de l'affaire dont je vais parler un peu plus bas, concernant la gestion de l'eau.
A propos, que disent
les communistes (ou assimilés) à propos de la gestion de l'eau?
«L'eau, patrimoine de l'Humanité, qui est de la responsabilité des collectivités locales depuis la Révolution française, doit rester un droit et ne peut être gérée selon les règles du marché»
Ils disent bien la même chose que Santini sur le sujet, en dénoncant bien sûr l'ultra-libéralisme en marche eux aussi.
Maintenant, voici
l'affaire dont je parlai, et qui a permis à Santini de prononcer la saillie citée au début de l'article:
[Le] Conseil de la concurrence vient juste de condamner le Sedif à une amende de 100 000 euros pour entrave à la concurrence. [..] L'affaire se déroule en 1998 aux halles de Rungis, l'un des principaux consommateurs d'eau en France (1,3 million de m3 par an). Fidèle client jusque-là du Sedif, et donc de la Générale des eaux, la Semmaris (société d'économie mixte détenue par l'Etat et la Ville de Paris, en charge de Rungis) tente de faire jouer la concurrence une première en s'adressant à la Sagep [..]. Ayant eu vent de cette tentative, le Sedif propose illico un rabais de 18 % (à 4,17 francs le m3). Mais la Sagep, disposant de ressources non utilisées par les usagers parisiens, est encore moins-disant de 22,5 % (3,23 francs le m3).
Santini prend alors sa plus belle plume, en tant que président du Sedif, pour reprocher à Jean Tiberi, alors maire de Paris et donc tuteur de la Sagep, sa «position inutilement agressive» : «Le bruit court que la Sagep essaie de débaucher une entreprise relevant de la compétence du Sedif.» [..] En parallèle, le Sedif envisage des «moyens de rétorsion» [..] Tiberi se confond aussitôt en excuses : «J'ai été particulièrement sensible à vos remarques. Je souhaite qu'il ne subsiste aucun malentendu avec le Sedif.» Bref, la Sagep renonce à fournir Rungis à bas prix [..]
C'est précisément ce qu'a sanctionné le Conseil de la concurrence, en stigmatisant cette «anomalie économique» : «Le producteur d'eau chère a exercé des pressions visant à empêcher un demandeur d'obtenir de l'eau à meilleur marché. Malgré son caractère ponctuel et local, la pratique est grave.»
Résumons l'affaire : un client (public) cherche à changer de fournisseur, pour passer du Sedif (public) à la Sagep (publique). Le Sedif se lance dans une opération d'intimidation, digne des plus pur ultra-libéraux dénoncés par tous les protagonistes de cette affaire.
Que répond la présidente de la Sagep?
La verte Anne Le Strat, actuelle présidente de la Sagep, dénonce des «pratiques dignes de Républiques bananières qui aboutissent toujours à léser le citoyen, qu'il soit consommateur ou contribuable».
Ah, intéressant, est-elle en train de devenir libérale? Dénonce-t-elle ici les pratiques des grands conglomérats où tout le monde se tient par la barbichette?
Elle admet toutefois quelques «blocages» persistant sous la municipalité de Bertrand Delanoë, ayant dû «batailler fortement» pour que la société parisienne Sagep puisse à l'avenir fournir directement de l'eau aux communes franciliennes en squeezant les marchands d'eau.
Déception, en fait elle veut en croquer elle aussi. Et, j'imagine, prendre la place du Sedif pourquoi pas?
Résumons:
- des communistes qui disent que Santini est un ultra-libéral et que l'eau est un bien public
- Santini qui dit qu'il est le dernier rempart contre l'ultra-libéralisme et que l'eau est un bien public.
- la président de la Sagep qui dit que les consommateurs se sont fait avoir, et que seule elle peut rétablir la justice en accaparant les marchés de l'eau.
- un conseil de la concurrence qui met en évidence les méthodes d'intimidation des politiques entre eux, pour obtenir et garder un fromage.
- et, toujours, pas un seul libéral à l'horizon dans cette affaire, même si on ne parle que de nous.
Et, bien sûr, qui paie pour cette pantalonnade, ces surcoûts, ces fromages, ces colloques sur l'ultra-libéralisme, ces amendes infligées par un organisme d'Etat
A, à l'endroit d'un organisme d'Etat
B, dans le cadre d'une affaire l'opposant à un autre organisme d'Etat
C ( parce que B cherchait à empêcher
C de proposer un contrat de founiture de services à.....devinez qui.....un organisme d'Etat
D !) ?
Hé bien c'est toi, c'est moi, c'est nous, c'est le contribuable, le citoyen, le consommateur, le crétin, le naïf.
Ceci est une histoire vraie, et c'est un archétype de ce qui se passe en France. Pas de surprise, donc. Vous pouvez vous rendormir.
La censure moderne
Il fallait s'en douter : les jeux vidéo sont néfastes, à fortiori quand ils sont américains. Alors, aujourd'hui, le gouvernement belge se pose une douloureuse
question : faut-il légiférer pour interdire les jeux vidéo qui ne sont pas solidaires, festifs et citoyens ?
On se croirait revenu au bon vieux débats d'il y a vingt ans sur la violence à la télévision, ou à l'époque des procès intentés aux Etats-Unis par des mères d'ados suicidaires à l'encontre des premiers groupes de heavy-métal satanistes.
Tremblez, braves gens, les jeux vidéos feront de vos petits nenfants de méchants psychopathes assoiffés de sang ! Demain, les pavés des cours de récréation seront recouverts de sang, de crachats et de larmes, car bien sûr, aucun enfant (qui, rappelons-le, doit être remis au centre de l'apprentissage, acteur et non plus spectateur de la transmission de savoir-être et de savoir-faire) n'a jamais eu l'idée de frapper un camarade de classe, ou de lui voler son quatre heures, ou de se mettre en bande avec les copains pour mettre le cul du premier de classe sur une poubelle. Eloignons d'eux ces vilaines idées, à coup sûr inspirées par l'idéologie ultralibérale de George Bush ! Heureusement, l'Etat veille au grain, et promet de mettre bon ordre à tout cela.
Superboum à Francorchamps
Emoi dans le royaume de Belgicanie ! Une carolo est allée se faire sauter en Irak, sans parvenir d'ailleurs à faire le moindre dégât. On reconnait bien là la redoutable culture de l'efficacité qu'un siècle de socialisme a instillé parmi ses victimes hennuyères.
N'empêche, quel gâchis ! Moi cette femme, je lui aurais dressé une statue si plutôt que d'aller crever bêtement en terre étrangère, elle avait été s'envoyer en l'air en compagnie d'un de nos politocards favoris. J'aurais bien vu ça avec tel membre éminent d'un parti pourtant réputé libéral, un de ces hommes d'état qui prétend régenter nos vies (nous sommes trop bêtes pour nous gouverner nous-mêmes) mais qui n'est même pas foutu lire un contrat sous prétexte qu'il est rédigé en Anglais. C'est que ça est difficile, l'Anglais ! Après avoir dans un premier temps expliqué que c'est pas moi M'sieur c'est les autres, il s'est suffisamment ressaisi pour exposer ce dimanche à la télé qu'il ne fallait pas être pingre, et qu'en fait, il faudrait couler encore plus d'argent public dans sa petite expérience en bonne "gouvernance". C'est qu'il est princier avec le fric du contribuable, notre Guy Mathot période bleue ! Moment d'anthologie ce passage télé, soit dit en passant, puisqu'on a vu l'éminence "réformiste" assommer de son mépris un un petit homme vert lui demandant naïvement ce qui justifie que l'état finance un Grand Prix de Formule 1.
Ah, ma pauvre Muriel, que voilà une oeuvre de salubrité publique qui aurait mérité tes explosives attentions ! Hélas, fidèle à notre tradition surréaliste, tu as été faire boum en Irak. Un vrai gâchis vous dis-je !
PS : à l'attention du gentil préposé au web de la Sûreté de l'Etat: c'est pour rire hein tich...