6.7.05

Aménage mon immeuble ou je brûle ta maison

Non, ça ne sort pas d'une transcription d'un meeting de la LCR mais d'une discussion au bureau.

Les autorités compétentes ayant décidé de confier l'organisation des jeux zoolympiques (et la facture, qui se compte en milliards de dollars) aux anglais, je faisais part à mes aimables collègues déprimés par la nouvelle de ma satisfaction en ces termes : "génial, il n'y aura pas de hausses des impôts locaux". Ah, les politiciens qui s'apprêtaient, la main dans la main avec les entrepreneurs de BTP, à s'en mettre plein les fouilles sont bien attrappés! Visiblement, certains ne l'entendaient pas de cette oreille. Un de mes collègues, d'humeur architecturale, me répond immédiatement que maintenant, c'est foutu pour l'amménagement de la banlieue nord. Je rétorque que je ne vis pas en banlieue nord, et que par conséquent je m'en moque.

Que n'avais-je dit là! Je me vois immédiatement répondre par cette personne tout à fait raisonnable en temps normal et qui n'a rien du militant extrémiste que je déchanterais quand les gens de la banlieue nord "viendraient brûler le 16ème arrondissement".

Je pense que le fait que ces mots sortent de la bouche d'un jeune ingénieur et non du mythique sauvageon-de-la-banlieue est révélateur de l'état de décadence morale où nous sommes arrivés.

Lorsqu'on est paré de l'habit du défenseur altruiste de son prochain, toutes les barrières tombent puisque la société actuelle reconnaît à cette catégorie un droit illimité à la violence. Son esprit de synthèse a résumé la pensée de la gauche française en une phrase que je m'empresse de reformuler - aménage mon imeuble ou je brûle ta maison. Ce à quoi la droite française répondra gaiement attendez-nous, on apporte le karsher.

Amis socialistes, réfléchissez bien à ce que vous défendez.