1984, 30 ans après
Non, rassure-toi, ami lecteur, tu ne viens pas d'être aspiré dans une faille spatio-temporelle. Je tiens seulement à saluer la réédition d'un disque mythique, lointainement inspiré de l'oeuvre d'Orwell: Diamond Dogs de David Bowie.Ce disque constitue une charnière musicale entre la période glam et le tournant soul du chanteur britannique. Mais il est surtout marqué par l'influence conjointe de l'écriture-collage de William Burroughs et de l'univers dystopique décrit par Orwell, comme en témoignent le funky-shaftien "1984", l'inquiétant "Big Brother" et le glaçant autant qu'insolite "Chant of the Ever Circling skeletal Family" qui clôt l'album.
L'intérêt de cette réédition est, en particulier, d'offrir sur un second CD des morceaux presque inédits (presque, car certains figuraient sur des rééditions antérieures), dont je retiendrai l'étonnante première mouture de "1984", sorte de funk atmosphérique enchaîné à un autre titre, "Dodo". Sans oublier une version rare de "Rebel Rebel"... agrémentée d'un air de flamenco !
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un pensum politique, et heureusement ! Mais l'interpétation de Bowie (tantôt chaude et électrique, tantôt quasi désincarnée), l'ambiance créée par les martèlements du piano de Mike Garson, les cordes obsédantes, concourent à insinuer chez l'auditeur une salutaire méfiance envers toute tentation totalitaire - celle qui finit par emporter l'anti-héros de cet album, Halloween Jack.
Beware the savage jaw of 1984 !
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