26.7.04

Socialiste français et classe privilégiée

Il y a bien longtemps, Edmond B. s'est acheté une maison en banlieue parisienne. Oh, une maison en piteux état et dans un quartier mal famé.

"Tu ferais mieux de louer, tu es un petit, tu dois le rester" ont dit d'une seule voix tous ses proches.

Mais un rêve d'enfant reste un rêve d'enfant.

Alors Edmond B. s'est retroussé les manches et a retapé sa maison le soir et le week-end. En revenant du boulot et dès que les moyens étaient suffisants, il y allait.

Et c'est comme cela qu'un beau jour, Edmond B. était propriétaire, après maints travaux et 20 ans de remboursements de prêts, de la plus belle maison du quartier.

Et voilà Edmond B. qui prend sa retraite. Il ne souhaite plus qu'une chose : accueillir enfants et petits enfants dans sa maison si proche de Paris. Si les petits enfants veulent venir étudier dans la région, pas de problème, il y a de l'espace dans la maison des rêves d'enfance de Edmond B.

L'histoire est jolie. Mais voilà, c'était sans compter l'Etat.

Parce que le quartier où vit Edmond n'est plus si mal famé. Les temps changent et les habitants aussi.

Aujourd'hui, Edmond vit dans un quartier chic. Et ça se paye.

Edmond doit payer des impôts sur son bien. Parce qu'Edmond, avec sa petite retraite, est considéré comme un "riche" L’impôt foncier et la taxe d'habitation lui "pompent" une partie importante de sa retraite. Alors, il a loué une partie de sa maison. Le garage qu'il a transformé en annexe il y a quinze ans et loué à un jeune couple, charmant.

Et l'année suivante, les impôts sur le revenu lui volent les gains de sa location. Oh, bien sûr, les impôts sont minimes, mais tout ce qui va avec lui tombe dessus. Et lorsqu'on est à nouveau imposable, on en paye des taxes.

Et puis voilà, le couperet tombe. L'administration fiscale considère que son bien immobilier n'est pas un rêve d'enfant. Elle l'a nommé "patrimoine immobilier"

Mais, le pire, c'est qu'elle l'a évalué. Très cher, bien entendu.

Et du jour au lendemain, Edmond B. a reçu un papier lui indiquant qu'il faisait partie de ces riches et qu'il fallait payer l'impôt sur les grandes fortunes.

N'y pouvant plus, Edmond B. a revendu son patrimoine immobilier.

Il s'est acheté une petite ferme dans le Larzac. Il donne des sous à ses petits enfants pour qu'ils puissent étudier convenablement à Paris, mais regrette de ne pas pouvoir les voir plus souvent.

Mais la morale est sauve, ça y est, grâce à la manie d'imposer tout et n'importe quoi, le quartier de Edmond B. est enfin nettoyé totalement. Il n'y a plus que des "riches" qui y vivent, Edmond est parti.