Double vitrage
"France-Europe Express" consacrait son émission d’hier soir - ô surprise - à l’actuelle crise que traverse l’État français. L’astre politique autour duquel gravitaient d’autres politiciens (dont l’ex-star des seventies Marie-France Garaud, sans son pompidolien acolyte Pierre Juillet) et journalistes n’était autre que ce dangereux révolutionnaire de François Bayrou. Ce dernier, qui venait de faire son coup d’éclat à l’Assemblée nationale, essaya d’employer le langage gaullien de la rupture, mais rien n’y fit : la sémantique restait centriste. Sans doute, le bon François oubliait-il que le 13 mai était passé depuis quelques jours...
Peu avant la conclusion de l’émission de Christine Ockrent, le leader de l’UDF apostropha ses collègues politiciens de l’UMP et du PS en déplorant le goût de l’ombre cultivé par la classe politique et l’éloignement du pouvoir à l’égard du peuple. Pour ma part, je trouve que le pouvoir est généralement un peu trop près des citoyens, tant pour assouvir leur soif d’immédiateté que pour les surveiller ; mais soit, passons. Il évoqua ainsi les voitures ministérielles aux vitres teintées. Selon lui, elles rappelaient l’opacité du totalitarisme soviétique. Mais ce qui m’a frappé, c’est qu’il prononça ces mots : "Combien coûtent ces vitres fumées, on s’en fiche ; ce n’est pas très important. Ce qui importe, c’est le signe d’éloignement qu’elles représentent." Qu’un député dont le rôle, en principe, est de contrôler les dépenses de l’Etat, et donc de vérifier l’usage qui est fait de l’argent extorqué au contribuable, se moque délibérément de cette tâche, en dit long sur son éthique politique. C’est dans ce genre de remarque que réside le véritable éloignement du monde politique, qui s’imagine tout permis avec l’argent confisqué aux victimes de la rage taxatoire.
Voilà déjà un candidat aux élections présidentielles qui annonce clairement son peu d’estime envers les citoyens tondus par le fisc français. Voilà, par conséquent, un candidat pour lequel les libéraux français ne devront pas voter.
Preuve a donc été apportée que la fin politique justifie décidément tous les moyens rhétoriques.
1 commentaires
" Je croyais Chirac fait du marbre dont on fait les statues, mais je m'aperçois qu'il est fait de la faïence dont on fait les bidets ".
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