18.5.06

Le communisme : l'horreur euphémisée


Il a été question cette semaine du 40e anniversaire de la "Révolution culturelle" maoïste, mais la manière dont cet épisode sanglant du communisme a été traitée démontre que les médias se refusent à saisir la vraie nature de cette idéologie. Ainsi, cet article de la Libre Belgique, qui pointe d’abord du doigt le présumé "hypercapitalisme" de la Chine actuelle ("l’hypercapitalisme", sans doute est-ce le frère jumeau de ce non-concept qu’est l’"ultralibéralisme"...), évoque ensuite les "excès révolutionnaires" des Gardes rouges. Cette expression, d’apparence anodine, devrait pourtant susciter l’étonnement. Car, enfin, le totalitarisme n’est-il pas la barbarie même ? Remplacez "révolutionnaires" par "nazis", et vous comprendrez ma perplexité (pour ne pas dire plus). Cette expression est donc, au mieux, redondante. Au pire, elle reflète ce refus de comprendre la nature du communisme.


Dans la même veine, le journaliste parle des erreurs de Mao... n’est-ce pas plutôt le terme "assassinats" qui conviendrait ? Substituer l’erreur à l’horreur, c’est absoudre les crimes communistes pour en faire de simples négligences, une somme de moments d’égarement regrettables, mais excusables. C’est, d’ailleurs, ce qui ressortait de propos tenus hier, dans l’émission "Cultures & Dépendances", par le philosophe social-démocrate Marcel Gauchet et le prix Nobel Elie Wiesel, qui nous ont chanté l’inaltérable ritournelle des "bonnes intentions communistes qui ont mal tourné". L’hommage final à Jean-François Revel - pourfendeur inlassable de l’amnésie procommuniste - sonnait, dès lors, un peu faux.


Enfin, les médias - et l’article mentionné ici n’y fait pas exception - insistent lourdement sur ce qu’ils croient être la vraie tragédie communiste : les purges internes. C’est un peu le syndrome de "L’Aveu" : les crimes communistes ne paraissent jamais aussi affreux et abjects que lorsqu’ils frappent les membres du parti, sous-entendant que les "bourgeois" n’avaient que ce qu’ils méritaient et qu’il n’était donc que justice qu’ils fussent éliminés !


Les mêmes restent beaucoup plus discrets sur la réalité du "Grand bond en avant" chinois (qui précède de quelques années la "Révolution culturelle"), ce remake de la famine organisée en 1933 par Staline en Ukraine, qui inspira aussi celle que fomenta la régime de Mengistu en Ethiopie voici à peine vingt ans. Le "Grand Bond" en question fut, en réalité, non celui de l’agriculture chinoise, mais de la mortalité, consécutive à la collectivisation des terres. Le Livre noir du communisme nous livre ces chiffres terrifiants dans l’article que Jean-Louis Margolin consacre à ce qu’il appelle très justement "la longue marche dans la nuit" de la Chine :


Dans l’ensemble du pays, la mortalité bondit de 11% en 1957 à 15% en 1959 et 1961, et surtout à 29% en 1960. La natalité baisse de 33% en 1957 à 18% en 1961. Sans tenir compte du déficit des naissances (peut-être 33 millions, mais certaines sont simplement retardées), les pertes liées à la surmortalité de famine peuvent être évaluées, de 1959 à 1961 entre 20 (chiffres quasi officiel en Chine depuis 1988) et 43 millions de personnes. On a là, vraisemblablement, la famine la plus grave (au moins en chiffres absolus) de toute l’histoire de la Chine (la seconde serait celle de 1877-1878 au nord du pays, qui fit entre 9 et 13 millions de victimes) et sans doute aussi de l’histoire du monde.


Alors que l’ignominie du communisme est connue et chiffrée depuis belle lurette, continuer de la nier relève soit de la bêtise soit de la haine envers toute idée de civilisation et d’humanité.

2 commentaires

Blogger RonnieHayek a écrit...
Merci beaucoup !
à 12:43 PM
 
Anonymous Anonyme a écrit...
Cela me donne envie de relire le livre

PPV
à 1:45 PM
 

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