Schadenfreude ou la culture du looser
Se réjouir du malheur d'autrui est un plaisir tout à fait humain. C'est cela le sens du terme "Schadenfreude".On entend ici ou là, sur des forums libéraux, ou sur des forums non libéraux que Zidane, et partant, que l'équipe de France, a été l'objet d'un "culte de la personnalité", que les journalistes, les politiciens, en avaient fait des camarade Stakhanov, ou des Lei Feng. Que "l'on" (qui on?) avait donné pour mission aux Bleus de redonner du moral aux français, que le mythe de l'Equipe de France ou de Zidane a été créé de toutes pièces par les journalistes et les politiciens.
Hé bien à mes amis libéraux, et à mes adversaires conservateurs, je me permettrais de rappeler quelques faits de nature à calmer leurs ardeurs pavloviennes à se réjouir de tous les ratages des politiciens.
Les politiciens, tout d'abord, ont très largement pris le train en route. Pour la plupart, Ségolène, Nicolas, Jacques, Dominique, Jean-François, Thierry, Jean-Louis, ne connaissent rien au foot.
Jamais ils ne se sont intéressés aux Bleus. Ma petite culture footballistique me fait dire qu'un homme politique aime bien le foot, c'est Philippe Séguin. Les autres s'en footent.
C'est bel et bien tomber dans le panneau que de croire que ces types font autre chose que de profiter d'un engouement populaire pour une équipe.
D'autre part, je tiens à préciser que cette sacralisation de l'équipe de France et de Zidane en particulier est loin d'être le fait de l'intelligentsia. Qui se souvient des commentaires avant la coupe du monde de 1998, qui avait conduit le journal l'Equipe à présenter des excuses au sélectionneur Aimé Jacquet? Qui se souvient, en 2002, du procès que ce même journal a intenté contre le même Aimé Jacquet, pour diffamation?
Qui se souvient du fait, du reste, que la réputation de Zidane n'a jamais été d'être fair-play ou gentil, mais simplement modeste et humain?
Qui se souvient du fait que Zidane est le premier joueur de football français à s'être fait expulser suite à un carton rouge en phase finale de Coupe du Monde, cela ne s'était jamais vu avant, durant le match France Arabie Saoudite de 1998?
Cette réputation, Zidane ne l'a pas construite en étant le porte-parole de Volvic ou de Leader Price, mais en étant un artiste du ballon rond, tout simplement. Sur le terrain, dans toutes les équipes où il a joué, de l'AS Cannes au Real de Madrid.
J'appele donc mes amis, spécialement mes amis libéraux, à ne pas céder à la Schadenfreude qui consisterait à se réjouir du malheur de ce colosse de Zidane. Ou alors, en dernier ressort, à appliquer cette même Schadenfreude, en bons connaisseurs du foot qu'ils sont puisqu'ils s'expriment si abondamment depuis la défaite des Bleus, au Calcio italien, actuellement secoué par un certain nombre de scandales qui risquent de pousser plusieurs des joueurs de le Squadra Azzura à l'exil hors de la péninsule italienne. Il ne s'agit ici pas de sanctionner des coups de sang, ou des gestes aggressifs comme celui de Zidane, mais tout simplement de la triche et de la corruption, excusez du peu.
Un peu de sérieux, un peu de calme : aucun libéral ne peut céder à la tentation trotskyste de politiser tous les évènements de la vie. Si Zidane a mis un coup de boule à un pauvre type sur un terrain en Allemagne, on ne peut pas s'en réjouir sous prétexte que cela rabat le caquet de quelques politiciens ignares ou de quelques journalistes qui ont tenté de profiter de la notoriété de ce géant du football pour vendre du papier ou se refaire une virginité.
EDIT : pour mes amis belges et notamment Walter Rebuttand, un petit tout sur le site de la FIFA permettra de voir où se situe l'équipe nationale Belge, à la 56ème place, alors que la France est en 7ème position, et que la Tunisie est en 21ème! :)
7 commentaires
Parler de cette "propagande" c'est déjà considérer cette propagande comme efficace et on a déjà vu en 98 que ces manipulations ne tiennent que quelques semaines.
C'est franchement n'importe quoi de cracher sur Zidane maintenant alors que la place en finale est presque uniquement due à ses 2 ou 3 performances dans le tableau final... Si Domenech critique Zidane pour cela, que dire sinon que ça confirme la crétinerie du bonhomme (malgré ses qualités de tacticien).
Et ce n'est pas ce geste qui fait perdre la France, c'est le tir raté de Trézeguet, c'est un coup du sort et c'est la règle de cet exercice.
Quant à Zidane, rater sa sortie de manière aussi spectaculaire est la sanction la plus grave qu'il pouvait subir pour son geste stupide. Plutôt que de laisser le souvenir d'un Pelé, il laissera celui d'un épigone de Maradona.
La défaite de l'équipe de France me réjouit donc en ce qu'elle me venge d'un mois à passer pour un martien parce que je ne m'intéressais pas à l'évènement d'importance planétaire qu'était la coupe du monde ni ne soutenais nos vaillants soldats partis au front - et je ne parle pas des braillards qui me donnaient la sérénade jusqu'à trois heures du matin parce que leurs champions avaient gagné. Rien de politique là-dedans, juste une petite (et mesquine, je l'admets) satisfaction personnelle. J'assume ma schadenfreude.
Moi, je ne sais pas ce qu'un libéral doit faire ou ne pas faire, et j'en parle d'ailleurs très rarement. Cependant, lorsque j'observe une déviance intellectuelle récurrente chez des gens avec qui j'ai une certaine proximité politique, je m'en émeus. Surtout si cette déviance est celle que je décris, la mentalité trotskyste de tout politiser. Ce point est extrêmement important à noter.
Bleus : La presse pointe du doigt Zidane
Damien MERCEREAU - lundi 10 juillet 2006 - 08h16
Le geste de Zinédine Zidane provoquant son expulsion dimanche soir face à l'Italie n'a pas été du goût de certains quotidiens français. L'Equipe signe un édito sévère à l'encontre du capitaine des Bleus, coupable d'un coup de tête sur Materazzi.
Claude Droussent s'adresse à Zidane dans son édito lundi dans le quotidien sportif L'Equipe. Il écrit que le plus difficile ce matin n'est pas de comprendre la défaite des Bleus mais « d'expliquer à des dizaines de millions d'enfants à travers le monde comment vous avez pu vous laisser aller à asséner ce coup de tête à Marco Materazzi. » Claude Droussent parle de « geste irréparable », « geste stupide » et « difficilement pardonnable ».
Yves Thréard dans Le Figaro parle lui de « l'ultime et odieux coup de tête » de Zidane.
D.M. (avec l'AFP)
Très pavlovien cette réaction, trop pavlovien, "on" s'attendait à ce que la presse encense tout de même Zidane, alors "on" a fait comme si c'était le cas, sans vérifier si c'était vrai. L'Equipe et Le Figaro, tout de même sont deux journaux relativement importants! Et encore Le Monde, journal du soir, n'est pas encore sorti de presse.
Tiens, grand jeu concours, qui a écrit ou dit, ou pensé, ceci : "Et s'il l'avait fait exprès pour se faire exclure, par orgueil, pour se désolidariser d'une éventuelle défaite?"
Pour le reste, que dire sinon que je me fiche complètement de cet engouement délirant qui pousse les média à titrer quasi exclusivement sur le moindre fait divers concernant Zidane et consorts, reléguant la vraie vie au troisième plan. Un avion qui s'écrase, des missiles qui pleuvent comptent moins dans ce pays que le plus petit cor au pied d'un de nos valeureux piou-piou.
J'ai toujours eu un dégoût certain pour l'esprit supporter qui fait dire "ON a gagné" au lieu de "ILS ont gagné", qui pousse des gens d'apparence raisonnable ou tout au moins paisible à faire montre de comportements pour le moins crétins.
Ceci dit, je ne me réjouis de rien, je n'ai pas regardé le match et je viens tout juste de voir au JT de 13h00 le fameux coup de boule. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, c'est simplement la vraie vie.
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