Etat de la liberté d'expression
Fidèles à une vision linéaire de l’Histoire, beaucoup de gens pensent que la liberté d’expression ne cesse de progresser, et qu’en l’occurrence internet en offre une illustration éclatante. Cet avis demande à être fortement nuancé. Car la vie existe en dehors de la Toile, et l’opinion reste encore formée essentiellement par la presse plus que par les blogs et journaux électroniques. En outre, le format blog se cantonne encore trop souvent au nombrilisme du journal intime (mais paradoxalement rendu public !).
Surtout, l’expression publique d’idées politiquement peu consensuelles a décliné considérablement : l’exemple des journaux francophones est assez frappant. Le pluralisme est bel et bien mort et enterré ; ne reste qu’une soupe idéologique gauchisante, reflétant toutes les lubies à la mode : consumérisme social-démocrate ; apologie constante et mécanique du "tout gratuit" ; éloge de l’impôt et de la coercition étatique-pour-notre-bien ; j’en passe et des pires (si tant est que ce soit possible).
La principale raison de cette adultération du jugement est évidemment l’inféodation au pouvoir politique. "Le Soir" compte ainsi à sa tête une proche de Di Rupo, tandis qu’un autre chroniqueur de cette gazette rouge comme la honte a travaillé comme attaché de presse de l’ancien président du PS, Philippe Busquin. Plus généralement, la presse est vendue aux politiques. Assurément, elle les égratigne de temps et temps (et probablement sur ordre), mais pas trop quand même - aide à la presse oblige. La grande presse est donc une catin, et les partis politiques ses maquereaux en titre.
Prenons "La Libre Belgique", autrefois relais du monde catholique en Belgique francophone. Aujourd’hui, elle est à peine moins gauchiste que son confrère vespéral : ne titrait-elle pas il y a quelques jours sur la " grande conquête sociale des congès payés " ? La répétition pavlovienne des idéo-virus socialistes eût été inimaginable dans le même support il y a quarante-cinq ans. Certes, il existait déjà une aile démocrate-chrétienne, mais la droite catholique n’était pas pour autant muselée. Les éditorialistes n’hésitaient pas à fustiger les dépenses somptuaires de tel ministre "libéral" de l’Education nationale ; le baron Zurstrassen publiait un réquisitoire contre "les nostalgiques du travaillisme", tandis que Victor Zeegers raillait les collectivistes siégeant au gouvernement ! Impensable à présent dans notre riante Belgique, acquise au social-démocratisme le plus obtus et stérilisant.
La presse officielle connaît certes une baisse de son lectorat - peut-être dégoûté par tant de compromission - mais elle continue de donner le ton et la direction idéologique, à la manière du Jdanov des grandes heures. Dans certains pays, elle cherche même à se protéger de l’arrivée de la concurrence. C’est le cas du projet gouvernemental français visant à contrôler les blogs par des journalistes "qualifiés" : le public est tellement con, ma bonne dame ! (Sauf quand il vote pour les mêmes sempiternels jean-foutre...) Vu l’ardeur avec laquelle les politiciens de notre Royaume s’empressent d’imiter leurs collègues hexagonaux, je ne serais pas étonné qu’ils y trouvent matière à inspiration.
Bref, si les blogs sont en quelque sorte des samizdats, cela en dit long sur la liberté d’expression qui règne actuellement et sur sa détérioration croissante. N’oublions pas non plus que l’Etat se croit chez lui partout et qu’une cyber-tyrannie se met lentement mais sûrement en place.
3 commentaires
QUOI???? Qu'est-ce que c'est que cette histoire??? Tu as une source????
Bravo pour ce texte en tout cas !
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