Le masque démocratique des anciens communistes
Quand un gouvernement est contesté pour ses forfaitures par sa population, il lui reste deux solutions : la répression ou la manipulation. Renouant avec les vieilles habitudes, les socialistes au pouvoir en Hongrie ont décidé de pratiquer les deux : mater les opposants, puis tenter de les décrédibiliser en les accusant d’être des factieux d’extrême droite. Lorsque les chars soviétiques entraient dans Budapest en 1956, les contestataires étaient déjà désignés à la vindicte prolétarienne comme des fascistes.
Cette manœuvre dilatoire est de celles qui ont cours en Belgique francophone quand des voix discordantes osent dire tout le mal qu’il faut penser du PS ; elles peuvent être sûres qu’il leur sera rétorqué prestement : « vous faites le jeu de l’extrême droite ».
Car, sur le fond, le premier ministre hongrois aurait tout à fait sa place au boulevard de l’Empereur. Ainsi, Ferenc Gyurcsány semble aimer créer des organismes échappant à tout contrôle parlementaire, comme d’autres ici régnaient ou règnent encore sur leurs intercommunales considérées comme autant de fiefs imprenables, ou encore qui se croient indélogeables parce qu’ils dirigent des organisations comme l’Union socialiste de Charleroi et espèrent ainsi bénéficier d’une impunité ad vitam aeternam.
Surtout, le chef du gouvernement hongrois a menti (extraits lisibles ici) et continue de refuser de tirer les conséquences de ce manque de loyauté envers ses concitoyens. Son admiration pour Lénine, rappelée ici, le conforte sans doute dans l’idée que les lois de l’Histoire passeraient avant toute considération morale ou légale… Est-ce tellement étonnant ? Le parti socialiste hongrois est issu de l’ancien parti communiste de Kádár (le chantre du communisme du goulasch).
Remarquons enfin que les socialistes se serrent les coudes quand leurs camarades ont été pris en flagrant délit - c’est sans doute leur manière toute personnelle d’entendre la notion de sens moral. En effet, l’ancien Premier ministre danois Poul Nyrup Rasmussen, actuel président du groupe socialiste européen, s’est cru autorisé à gourmander Wilfried Martens, ancien chef du gouvernement belge dans les années 80, et actuel président du groupe PPE au Parlement européen, parce qu’il s’était joint à une manifestation d’opposants au gouvernement hongrois et parce qu’il avait osé critiquer le comportement de Gyurcsány. Pire, le calme et mesuré Wilfried (dont la réponse est accessible ici) se voit accuser par le socialiste scandinave d’avoir porté atteinte à la démocratie hongroise ! Autant faire de François Bayrou un dangereux poseur de bombes. Ceux qui pensaient que c’était l’exécutif magyar qui était fautif se voient donc invités par le brillant dialecticien d’Esbjerg à réviser leur copie…
Renverser la réalité et faire marcher la logique sur sa tête, n’était-ce pas, après tout, l’un des objectifs marxistes ?
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Fifty years ago today
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