Effets de la prohibition
On a coutume de dire que si les drogues étaient légalisées, notamment celles que l'on appelle "dures", la France se transformerait en une immense fumerie d'opium."Et les Zenfants, vous avez pensé aux zenfants?", c'est en général le fond de l'argumentation des adversaires de l'abolition de la prohibition des drogues. Il s'agit d'expliquer que, les substances étant en vente libre, les enfants et les ados seront tentés de sauter le pas, et tester tel ou tel produit stupéfiant.
Bref, ces arguments à deux boules, on les connaît.
Maintenant, il serait intéressant d'observer ce qui se passe lorsque prohibition il y a, sur un produit très très connu en plus, dont la confection, donc, n'est pas censée poser problème. Ce produit, c'est l'alcool, interdit pour motifs religieux en Iran.
Voici ce que l'AFP nous apprend:
L'alcool frelaté fait 19 morts dans le sud de l'Iran (nouveau bilan)
AFP | 14.06.04 | 15h16
Dix-neuf Iraniens sont morts depuis jeudi à Chiraz (sud) pour avoir bu de l'alcool de contrebande frelaté, selon un nouveau bilan communiqué lundi par la justice de la province."Le nombre des morts est passé à 19", a déclaré le chef de la justice de la province de Fars, Hassan Ali Amiri, à l'agence officielle Irna.Le précédent décompte faisait état de 17 morts, dont l'un a été retrouvé dans un jardin public."Un certain nombre de gens sont toujours dans le coma, dans un état critique. Au cours des dernières 24 heures, 23 nouvelles personnes ont été hospitalisées", avait indiqué plus tôt dans la journée Hassan Ali Amiri.Une soixantaine de personnes avaient déjà été admises auparavant à l'hôpital, dont une vingtaine dans un état critique.Selon Hassan Ali Amiri, cinq consommateurs ont perdu la vue, sous l'effet du méthanol qu'aurait contenu l'alcool.De petites quantités de méthanol, un alcool industriel hautement nocif, utilisé pour les anti-gel et les produits de teinture, peuvent tuer, rendre aveugle ou causer de graves dommages au foie ou aux reins.La police a arrêté plus d'une douzaine d'individus, dont certains déjà connus de ses services, suspects d'avoir fabriqué ou revendu l'alcool, a indiqué le magistrat.Selon des sources médicales à Chiraz, les victimes sont placées sous haute surveillance policière mais bien traitées. La justice a déploré leur manque de coopération dans l'enquête. Un patient se serait enfui.La production et la consommation d'alcool sont "haram" depuis la Révolution de 1979, c'est-à-dire proscrites par l'islam. Les contrevenants sont passibles de la prison et du fouet.Cela n'empêche pas un trafic soutenu, que l'alcool passe clandestinement les frontières ou qu'il soit distillé localement. Ce dernier, moins cher, est surtout consommé dans les milieux populaires. Mais il est bien souvent fabriqué dans des conditions et avec des ingrédients des plus douteux.
Dans les milieux populaires, donc. Intéressant. J'aimerais bien avoir des statistiques concernant les ados, si elles existent....
Le riche mollah qui tient à se mettre une cuite peut fort bien le faire avec des alcools d'importation. L'Iran d'en bas, comme dirait le phénix du Poitou, ne peut pas accéder à de telles délices, exit l'alcool de bonne qualité. Pour toi, simple Iranien, la prohibition te réserve des produits à base d'hydrocarbures, de méthanol, d'anti-gel, etc....
Il est fort probable que dans un avenir proche, le gouvernement iranien soit contraint d'aller vers un système de semi-prohibition, comme en France, basé sur des taxes exorbitantes. De mémoire, je crois qu'en France on frôle les 80% de taxes.
Pour finir, je présente mes condoléances aux familles des victimes de l'oppression de l'Etat iranien. Ces victimes indirectes, dont le seul tort est de vouloir s'adonner aux plaisirs de la boisson, ont payé l'obstination étatique de leur vie.
2 commentaires
Liberalia, sur l'interdiction des drogues.
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