26.9.05

La Réaction masquée

Au mois de juillet, la nouvelle idole de la droite française (et pas seulement française) a prononcé ces fortes paroles:

"L'Union pour un mouvement populaire ne pense pas, et n'a jamais pensé, que le marché pouvait tout faire. Il y a des besoins essentiels de la population que le secteur privé ne peut pas satisfaire dans des conditions égales, sur l'ensemble du territoire, à un coût abordable. Le rôle du service public, c'est de les prendre en charge. Il y a aussi des domaines spécifiques de la vie collective qui sont facteurs de lien social. Je pense à l'école, je pense à l'hôpital, je pense à la Sécurité sociale. Ils doivent relever en priorité du service public. Il existe par ailleurs une conception française du service public. Elle est fondée sur un Etat puissant, mais au service de tous, un idéal de solidarité sociale et territoriale, un engagement total des agents publics consacré par le statut général. Personne, à l'UMP, ne souhaite la remettre en cause."

Rien dans ce discours statolâtre ne se distingue de propos que l'on peut retrouver, par exemple, ici.

Nous, libéraux et libertariens, avons pris l'habitude de désigner les sarkozeries comme autant de preuves que leur auteur serait un socialiste de droite. Or il me semble que cette expression relève du pléonasme.

Ainsi, quand la droite - sous l'égide de Sarkozy, notamment - recourt à des pratiques protectionnistes, elle ne le fait pas pour copier le PS, mais parce qu'elle reste fidèle à la tradition de Colbert, défendue par le monarque absolu Louis XIV. Un autre héritage de l'absolutisme est le dogme du "domaine éminent", d'après lequel l'Etat serait le propriétaire véritable du territoire. Quand les socialistes veulent exproprier les "méchants possédants" ou quand la droite fait de la musculation en expulsant des immigrés, ces factions se comportent toutes deux comme légataires de cette idée 100% étatiste et absolutiste.

C'est pourquoi lorsque les socialistes se sont organisés au XIXe siècle, ils n'ont rien inventé de très original en prônant les nationalisations, la réglementation des prix et du marché du travail, la spoliation fiscale, etc. Ils ont seulement traduit en un "discours neuf des pensers anciens". Si la droite a toujours été fidèle à elle-même, alors les socialistes en se réclamant de la gauche n'ont cessé de se comporter en fieffés hypocrites puisqu'ils incarnent en vérité la Réaction masquée.

Si bien que, au final, nous pouvons nous demander si ce n'est pas le libéralisme qui incarnerait la vraie gauche. La question reste ouverte.

2 commentaires

Blogger Don a écrit...
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
à 11:03 AM
 
Blogger Laure Allibert a écrit...
Il faudrait d'abord définir ce qu'est la gauche.
Si c'est Bastiat, pas de problème !
Si ce sont les "forces de progrès" qui veulent "sauvegarder les acquis sociaux", très peu pour moi.
à 11:24 PM
 

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