27.5.06

Le confort de la subversion

Ce samedi se tenait un "Salon du Livre alternatif et de l’édition indépendante". Cette manifestation était tellement audacieuse que Télé-Moureaux s’en est fait l’écho avec la neutralité qui caractérise cette chaîne tellement socialiste que les Flamands n’en veulent pas. On y trouvait, en sus de l’un des deux anarchistes officiels du régime (i. e. Noël Godin, l’autre étant le subversif de la subvention, Jan Bucquoy), un représentant de l’association Antipub dont j’ai oublié le nom.


L’engagement militant a d’ailleurs parfois ses raisons que l’idéologie ignore, puisque Antipub a courageusement surmonté sa prévention citoyenne contre toute forme de réclame en annonçant cette journée. Il va sans dire que cette association vomit toute pub à caractère commerciale (horresco referens !) ; elle préfère sans doute celle offerte "gratuitement" sur les ondes subsidiées bruxelloises, comme en témoigne sa présence ce vendredi à TLB.


Se croire subversif en Belgique en fustigeant le libéralisme - car c’est évidemment de cela qu’il s’agit - relève à peu près autant de l’exploit herculéen que de clamer haut et fort que l’on exècre la "lâcheté européenne" devant un parterre de représentants convaincus de l’American Enterprise Institute ou du Hudson Institute.


En relevant le nom des auteurs présents à ce Salon "anticonformiste", je n’ai guère été surpris de voir celui de Jean Bricmont, le renommé adversaire des impostures intellectuelles qui se veut également le défenseur attitré de la qualité des soins à Cuba (doux euphémisme pour l’euthanasie de l’opposant par peloton d’exécution interposé ?), ou Anne Morelli. La Gorgone qui rêve de pétrifier tout catholique sur place par sa laideur légendaire participait, en effet, à un débat sur les "luttes sociales" en compagnie d’un autre universitaire marxiste, J. Gotovitch... Voilà donc le courage intellectuel et politique tant vanté sur les ondes ! On prétend fêter le refus du prêt-à-penser en recyclant quelques vieux bolcheviques en compagnie d’un aréopage de décroissants du bulbe, libertaires marchands de cadenas, et autres gourmands consommateurs d’impôts opposés à la société de consommation.


Tout ce beau monde estime donc que nous vivons dans une société "ultralibérale" et d’exploitation. Sur le premier terme, ils se trompent et/ou nous mentent : comment cette société pourrait-elle être définie comme libérale alors que la part de l’Etat dans le PIB s’accroît d’année en année et dépassé les 50% depuis longtemps. Leur refrain signifie en réalité qu’ils souhaitent une société entièrement contrôlée par le pouvoir étatique - la différence entre les courants résidant dans la dose de participation du citoyen à sa propre servitude et celle de ses voisins. Quand ce sont des prétendus anarchistes qui visent cet objectif, on se dit qu’ils n’ont pas compris tous les tenants et aboutissants de leur théorie et qu’ils feraient mieux de se trouver une autre étiquette. Mais quand ce sont des bolcheviques non repentis, il est clair que la dénonciation de "l’ultralibéralisme" et autres "hypermarchandisations" (l'hyperbole verbale de la gauche radicale étant directement proportionnelle à sa vacuité intellectuelle) sert en réalité à intimider les politiciens de gauche afin qu’ils exécutent au plus vite le contenu de leur agenda liberticide et totalitaire.


Pour le second terme (i. e. l’exploitation) : le cri de guerre d’orazien "faites payer les riches", le culte du Paraclet paganisé qu’est l’impôt, sauveur et rédempteur de l’égoïsme antisocial par voie de "régulation économique et sociale", le refus du libre-échange, la haine écumante de toute idée de doux commerce, tous ces thèmes devraient aisément montrer qui sont les véritables exploiteurs et pillards.


Comme disait le regretté Philippe Muray : "la subversion est au pouvoir et radote dans le subversif".