24.5.06

Chèque-Shop

Dans sa Cour politique des Miracles (et des mirages), le plat pays ne compte pas seulement des bataillons de tchékistes arrogants ; les chéquards y ont aussi leur place. Chaque parti s'apprête à sortir ou a déjà sorti de son chapeau un beau carnet de chèques. On ne compte plus les chèques-emploi, chèques-logement, chèques-vacances, chèques-maternité, chèques-voiture, etc. À quand les chèques-chaussures, les chèques-hôpital, les chèques-château de la Loire, et autres chèques-your Booty ? Ou, tiens, pourquoi pas : les chèques-shop ?


Eh bien, le gouvernement bruxellois vient de lancer cette brillante idée, sous le nom - puissamment original - de "chèques-shopping". Cette initiative, prise en collaboration avec la Chambre de commerce de Bruxelles, prétend censément rapprocher les salariés et les commerçants du cœur de la ville-région (la convivialité se doit d’être subventionnée pour être authentique, aux yeux de nos gouvernants) en distribuant "gratuitement" des avantages divers aux premiers, destinés à leur faire davantage lécher les vitrines des seconds. Offre alléchante, assurément... mais certainement pas pour le gosier du contribuable qui va se retrouver un peu plus sec qu’hier !


Car, une fois encore, l’ineptie politicienne consiste à offrir un service "gratuit", qui va coûter un pont d’or : 148.000 euros, une bagatelle... En la personne de son ministre de l’Economie Benoît Cerexhe, le gouvernement bruxellois va ici encore creuser un puits sans fond en asséchant la source de moins en moins vive - et pour cause - qui irrigue (irriguait ?) Bruxelles.


Au train où vont les choses, un nouveau terme fera florès pour exprimer que l’on s’est fait gruger : "se faire enchéquer".