24.9.04

La puissance: idole des (ex- ?)gauchistes

Dans une interview parue dans "Le Figaro littéraire", le chroniqueur et historien français Jacques Julliard émet une remarque très valable sur les anciens trotskos et maos passés avec armes et bagages du côté de la promotion inconditionnelle de l'impérialisme néoconservateur:

Beaucoup d’intellectuels venus du communisme sont, effectivement, tentés par la perspective d’une défense de l’Occident dont les Etats-Unis seraient le leader. Dans ce cadre, la France aurait moins à coopérer qu’à obéir. C’est le cas d’André Glucksmann et d’autres. Quant au livre d’Yves Roucaute, il est tellement outrancier qu’il détruit sa propre thèse. Que voulez-vous répondre à quelqu’un qui compare Napoléon à Hitler ? Aucun historien sérieux n’accepterait d’en débattre. « Qui a renoncé à ses démons, nous ennuie avec ses anges », dit quelque part Henri Michaux. Je crains que beaucoup de ces gens, hier philo-soviétiques ou prochinois, soient surtout fascinés par la Puissance en soi. Ils ne cessent de répéter « les Etats-Unis : c’est la puissance. » Leur fascination a changé d’objet, pas de nature.

Il est notoire que les pères fondateurs du néoconservatisme américain sont, de leur propre aveu, d'anciens gauchistes qui ont simplement transféré leur dévotion "étato-pouvoiriste" sur un autre Dieu. Il en va de même avec plusieurs anciens (?)gauchistes français: le philosophe André Glucksmann, le cinéaste Romain Goupil ou - dernièrement - Yves Roucaute... ancien membre du PCF et auteur d'un livre au titre édifiant: La Puissance de la liberté. Cet auteur continue d'ailleurs d'ignorer ce qu'est réellement le libéralisme, puisque - dans un entretien paru dans le même périodique et intulé "Pourquoi Dieu est américain" (sic) - il affirme péremptoirement:

Aux Etats-Unis, néo-conservateur correspond à ce que nous appelons «libéral» en France. Alors que «libéral» signifie, là-bas, de gauche ou «progressiste». Il faut donc se méfier des confusions.

Je ne saurais trop l'inviter à rester fidèle à cette dernière maxime... (De même que le journaliste ayant interrogé Julliard, car il commet la même bourde.)



3 commentaires

Blogger Sous-Commandant Marco a écrit...
Cela n'est ni nouveau ni surprenant.

Depuis Mussolini (un ancien socialiste), Hitler (qui se proclamait lui-même socialiste), ou Déat et Doriot en France, on sait que les différentes versions du socialisme, de droite ou de gauche, sont proches et n'hésitent pas à s'unir pour accomplir leur objectifs.

Si l'on prend pour "socialisme" la définition du dictionnaire: "théorie visant à remettre en cause l'ordre social dans un but de justice", on peut argumenter que l'islamisme, le néo-conservatisme ou l'alter-mondialisme sont des formes d'idéologie socialistes, n'osant pas dire leur nom.

Ceci laisse à penser qu'une union entre ces différents courants de pensée est possible, comme elle l'a été entre le communisme stalinien et le national-socialisme. Il est même possible que cette union soit déjà plus ou moins à l'oeuvre, sous une forme tacite...
à 5:03 PM
 
Blogger RonnieHayek a écrit...
Ce n'est ni nouveau ni surprenant. J'en suis bien d'accord. De ma part, il s'agissait seulement d'un rappel.

Concernant votre dernier point, je dirais plutôt que les neocons et leurs suiveurs sont les idiots utiles de l'islamisme.
à 6:49 PM
 
Blogger Adolphos a écrit...
Enfin, a la base, les néocons sont des anti 68tard, hein !
Est-ce que les Islamistes aiment les 68tard ? J'ai comme un doute.
à 11:50 PM
 

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