Le séparatisme vu par la Pravda
La RTPS rediffusait hier soir un reportage de Questions à la Une consacré à la question lancinante du séparatisme.
Ce qui m’a frappé avant tout est que, pas une seule fois, les critiques flamandes contre la politique socialiste de la Wallonie n'ont été prises en compte, voire simplement mentionnées. Certes, la question des transferts bénéficiant au(x pouvoirs publics du) sud du pays (et à leurs clients politiques) a été longuement abordée, mais les économistes bien en cour laissaient entendre que ceux-ci n'avaient rien de problématiques en eux-mêmes. Logique : ils en profitent comme les trois-quarts des intellos de profession.
L’exposé du scénario séparatiste se voulait nettement pessimiste pour la "nation francophone" : en gros, tandis que la Flandre y gagnerait et que Bruxelles resterait dans le statu quo, la Wallonie y perdrait. Telle était donc la version des journaleux aux ordres (et l’on s’étonne que le plutôt anarchisant Jean-Claude Défossé, célèbre pourfendeur des grands travaux inutiles devant l’Eternel se soit prêté à cette comédie PS orchestrée par la Casa Kafka). Car il s'agissait de faire pleurer dans les chaumières socialistes : "Si la solidarité fédérale disparaît, il y aura moins d'hôpitaux et les classes seront surpeuplées". Un médecin de je ne sais plus quel hôpital universitaire wallon expliquait ainsi qu'en cas de séparation, il se tirerait vu qu'il gagnerait probablement moins (i. e. il recevrait moins de la feuille d'impôts d'autrui). Est-il utile de préciser qu’il s’agissait d’un message subliminal servant à instiller dans l’esprit du téléspectateur que soins de santé et enseignement devaient rester dans le giron des politiques. En résumé : il s’agissait de tirer les larmes du spectateur "solidaire" (entendez, celui qui profite de la "solidaritéééï") pour mieux culpabiliser l’ "exploiteur" flamoutche supposé ne pas tirer suffisamment les cordons de la bourse.
Une comparaison à visée prospective fut ensuite établie avec la scission tchécoslovaque. On y apprenait que, comme les Flamîns, les Tchèques étaient dépeints comme plutôt froids et votant à droite; en revanche, les Slovaques et les Wallons, plus chaleureux, votaient à gauche. Ne manquait plus qu’un cours de physiognomonie pour parachever le tableau. Bref, plus c'est gros, plus ça passe ! Ce fut naturellement un grand moment de propagande socialiste, les journalistes n'ayant pas hésité à enfoncer le clou en reprenant visuellement les points de comparaison, au cas où un électeur PS, abruti par ses packs de Jupiler, aurait "chaleureusement" loupé le coche.
Enfin, vint l’interview de Charles Picqué, le truculent bourgmestre "empêché" de Saint-Gilles et re-Ministre-Président de la région bruxelloise. Il revint sur son idée de district bruxellois, géré sans interférence des pouvoirs flamand et wallon. Là, ce fut l’apothéose. Démagogue comme jamais (et forçant son accent brusseleir, pour mieux épater le populo appréciant sa zwanze pourtant fort apprêtée), il a sorti : "Dans ce cas de figure, certains rêveraient d'un nouveau Monaco, un endroit où l'on ne payerait pas d'impôts, une sorte de paradis fiscal. Inutile de vous dire que ce n'est pas ce que je veux. Pour moi, Monaco, c'est l'horreur." Castro fait fusiller et torturer à tour de bras, la Corée du Nord affame sa population ; mais le sommet de l’épouvante politique, c’est bien évidemment un micro-Etat qui ne fait de mal à personne et protège l’épargne des contribuables étrangers. Le sens de l'indignation profiteuse et intéressée caractérise tous les socialistes, même les moins réputés dogmatiques. Ceci dit, son effroi est compréhensible, puisque si Bruxelles devenait un havre de paix fiscale, les politiciens devraient changer de job... ou émigrer en Wallonie. Qui n’aura pas noté, de surcroît, que le débonnaire Charlie raisonnait comme s’il était le légitime propriétaire de l’agglomération bruxelloise ?
L’indépendance bruxelloise selon Picqué, c’est en somme la perpétuation du socialisme de droit divin par d'autres moyens.
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