Les Pouvoiristes
Tandis que de nouveaux scandales incriminent un peu plus chaque jour la gabegie et l’irresponsabilité socialistes, cf. à présent une affaire de trafic d’amiante, les voix des membres des autres partis se font entendre. Et qu’entend-on distinctement ? "Il faut partager le pouvoir à Charleroi". Autrement dit, les socialistes doivent cesser de bâfrer le fromage tout seuls, il doivent le partager avec les autres formations.
Et la justification aussi ultime qu’unanime, et censée être irréfutable, consiste à invoquer Montesquieu : "le pouvoir arrête le pouvoir". C’est en cela que l’on voit combien nous vivons en démocratie, et si peu en état de Droit. Car, pour que règne celui-ci, ce n’est pas le pouvoir qui doit servir de barrage à lui-même, mais la rule of law. Celle-ci suppose en particulier que les citoyens soient égaux devant la loi, non que les gouvernants - en l’occurrence, les partis - se partagent prébendes et sinécures. Le pouvoir n’arrête pas le pouvoir ; il l’augmente. Tout particulièrement, quand les hommes de l’Etat sont oints par le suffrage universel.
C’est pourquoi j’étais particulièrement scié d’entendre, au cours de l’émission Controverses, un politologue de l’université de Liège, Pierre Verjans nous sortir que nous ne vivions pas en république bananière... au motif que l’électeur aurait exprimé clairement ce choix pour le clientélisme ! Certes, préciserait mon ami Constantin, nous vivons plutôt dans un royaume fritier. Mais, sur le fond, depuis quand démocratie et arbitraire sont-ils opposés ? Et si un tiers (un tiers !) des électeurs wallons optent pour le socialisme, cela justifie-t-il une collectivisation de la société ? Surtout, à partir du moment où la politique se résume à des marchandages, quelle est la légitimité d’un système se fondant sur de tels comportements ? Au nom de la sacro-sainte démocratie, sommes-nous donc condamnés à endurer éternellement tant d’infamie et de vilenies ?
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