Bolchevisme juridique
En votant le Military Commissions Act, le Congrès américain a bel et bien légalisé la torture et entériné l’absolutisme présidentiel. D’une certaine manière, les choses sont clarifiées ; en faisant voter par des parlementaires serviles et conformistes (à l’exception de quelques braves) cet ensemble de dispositions, l’équipe Bush a signé ses aveux : oui, ce sont bien eux les organisateurs de la torture. Les mauvais traitements infligés aux prisonniers ne sont pas des cas isolés, indépendants de la volonté de l’exécutif.
En effet, comme l’explique le Washington Post, le gouvernement est à présent immunisé à titre rétroactif contre toute poursuite judiciaire éventuelle :
"At the same time, the bill immunizes U.S. officials from prosecution for cruel, inhumane or degrading treatment of detainees who the military and the CIA captured before the end of last year. It gives the president a dominant but not exclusive role in setting the rules for future interrogations of terrorism suspects."
L’état de fait est désormais revêtu d’une couverture juridique de circonstance. On le voit, la démocratie à la sauce bolcho-néocon ne s’embarrasse pas de vieilleries comme la séparation des pouvoirs, le droit à un procès équitable, la présomption d’innocence, ou encore de cette si obsolète méfiance jeffersonienne envers l’omnipotence gouvernementale. Les lois de l’Histoire passent avant le respect du droit.
Pire, l’extension de la notion de "combattant ennemi" est telle que toute personne qui pourrait avoir financé des associations caritatives islamiques risque d’être traduite devant ces tribunaux militaires d’exception. Aucun citoyen américain n’est d’ailleurs à l’abri de cette menace qui relègue les lettres de cachet de l’Ancien Régime au rang d’une blague de potache. L’application du Patriot Act en a déjà donné un avant-goût difficile à avaler pour ceux qui croient dans les valeurs fondatrices des Etats-Unis, foulées au pied par les néo-bolcheviques siégeant à Washington.
Il n’est, dès lors, pas étonnant que le ministre de l’Intérieur briannique, John Reid, ancien membre du parti communiste, prouve qu’un totalitaire ne change pas, puisqu’il prend prétexte de ce vote pour vouloir renvoyer l'habeas corpus dans les poubelles de l’Histoire. Tout à sa rhétorique trotskiste du "avec nous ou contre nous", j’imagine qu’il ne lui faudra pas longtemps avant d’accuser le leader conservateur David Cameron d’être un allié objectif des terroristes...
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