10.10.06

Tous fichés... mais fichez-nous la paix !

La semaine dernière, les ministres de la Justice de l’Union européenne et les compagnies aériennes ont poussé un " ouf " de soulagement : les agences de surveillance américaines ne s’empareront plus des données des passagers... ce sont les compagnies qui les leur livreront elles-mêmes.


L’Association of European Airlines salue chaleureusement cet accord, sans doute parce qu’il est plus confortable pour ces sociétés d’espionner leurs clients plutôt que d’être elles-mêmes surveillées - consolation, à mon avis, illusoire. Ensuite, d’un point de vue moral, cela ressemble furieusement au sentiment de fierté que devait ressentir un Allemand de l’Est en travaillant comme agent officieux au service de la STASI faisant ainsi mine d’oublier qu’il était lui-même espionné par ses voisins et sa famille pour le compte de cette redoutable police secrète.


Pour ne pas faire dans le détail, l’accord prévoit que les données à transmettre aux services américaines sont relatives à chaque passager. Cet article d’Agoravox donne une liste impressionnante des renseignements devant être fournis :


"nom, nationalité, adresse privée et électronique, coordonnées téléphoniques, prix du billet, mode de paiement, numéro de la carte de crédit, adresse de facturation, agence de voyages ou mode ­ d’acquisition du billet, itinéraire complet du voyage, infos sur l’appartenance du voyageur à un programme de fidélité de la compagnie, y compris miles parcourus et coordonnées des vols, demandes de services spéciaux, en particulier les préférences alimentaires, éventuels incidents survenus sur d’autres vols (non-présentation à l’embarquement malgré une réservation, altercations, consommation excessive d’alcool), informations de dernière minute sur le passager embarqué au dernier moment, etc."

Parmi ces données, vous aurez peut-être remarqué la consommation excessive d’alcool, ce qui correspond très clairement au profil type d’un partisan hyper fanatisé de l’islamisme... La conclusion à en tirer est tout simplement que la lutte anti-terroriste constitue, une fois de plus, un prétexte pour ficher et contrôler la vie de tout le monde, comme en témoigne l’insistance sur les transactions financières. Chaque passager à destination des USA sera donc traçable et, qui sait, susceptible de finir revêtu d’un beau pyjama orange, surtout s’il a le malheur de déclarer haut et fort ne pas porter dans son cœur "Dubya".


C’est pourquoi il faut s’étonner de lire dans La Libre Belgique que les Américains souhaiteraient obtenir des données encore plus confidentielles, requête que les Européens prétendent, bien entendu, rejeter avec vigueur. Car, hormis la couleur des chaussettes de monsieur et le nombre d’orgasmes de madame, je vois mal ce qu’ils ne savent pas encore. D’ailleurs, à cette occasion, nous retrouvons Lôrette, ci-devant ministre de la Justice, qui avance placidement (toujours dans La Libre Belgique) :


"Nous n'avons pas ouvert les vannes (...) Simplement, il s'agit de concilier la soif insatiable qu'ont les Etats-Unis en matière de données, et on peut les comprendre vu que le traumatisme du 11 septembre est encore bien vivace, avec nos réflexes européens de protection de la vie privée. Et je vous assure que nous ne nous sommes pas pliés à toutes les exigences américaines"...

Encore un mensonge socialiste que le bon peuple est, sans doute, hélas prêt à gober. Plus c’est gros, plus ça passe.