8.1.06

Notion de service public

Une nouvelle chronique de Jean-Marc Vittori dans Les Echos à propos de la notion de services publics. Citant Wikipedia, il rappele la seule et unique définition possible pour cette notion :
En réalité est service public ce que la puissance publique définit politiquement comme tel, dans le but soit de lui appliquer des règles spécifiques, soit de l'intégrer directement dans le secteur public.
Son analyse est intéressante, lisez-donc son article. Toutefois, il me semble qu'il commet une petite erreur dans son analyse, ouvrant la voie à un maintien, par les constructivistes et étatistes de tout poil, de ce concept de service public :
Les économistes ont, eux aussi, défini un critère justifiant un service public : le monopole naturel. Dans ce type de marché, une seule entreprise peut fournir l'ensemble de la demande à un prix moins élevé que plusieurs entreprises concurrentes. L'archétype était le phare. Las ! la technique détruit un à un ces fameux monopoles. La fonction du phare peut être assumée par un signal radio ou un système GPS.
JM Vittori, ainsi, laisse penser que ce n'est que depuis peu que le phare peut ne plus être un "service public", étant donné qu'il conditionne la rentabilité (et donc l'existence) de ce bien économique à la réalisation d'un progrès technique donné. Je crois qu'ici il se trompe, des phares nés de l'initiative purement privée de particuliers ont bien entendu existé bien avant que ces technologies existent, comme le montre cet article du Quebecois Libre, qui s'est inspiré du fameux article de Ronald Coase intitulé "The Lighthouse in Economics".
L'erreur de M. Vittori provient ici du fait qu'implicitement, il a supposé que le consommateur du phare était également son financeur. Or, l'article du Quebecois Libre montre clairement que, si le consommateur est effectivement le bateau voulant s'amarrer au port, les financeurs du phare étaient en réalité d'autres acteurs économiques, les marchands du port en question. C'est ici le concept de "modèle économique" d'un bien ou d'un service qui est en jeu, je ne m'étendrai pas dessus, sauf si le peuple le réclame.

L'article de M. Vittori m'a rappelé une conversation que j'avais eue il y a quelques mois avec Philippe Herzog, ce jour-là invité de l'émission Travaux Publics. Il avait exactement la même définition du terme "service public" que celle de Wikipedia.
Sur le site de son club de réflexion Confrontations, on trouve un article sur le sujet. Cet homme a fait bien du chemin intellectuellement en quelques décennies, lisez donc sa biographie sur Wikipedia pour vous en convaincre.

Il ne reste plus, à la classe politique française, de se débarasser de ce concept fallacieux prétexte à toutes les injustices. Y'a plus qu'à.