Le fait du Prince II
Après Thierry, Mateusz attire à son tour notre attention sur les expulsions décidées en "extrême urgence" (... appellation singulière, alors que la procédure est en cours depuis une dizaine d’années, comme le rappelle Mateusz) dans le quartier de la gare du Midi par le pouvoir régional bruxellois. Notons d’ailleurs que ses expropriations ont lieu à Saint-Gilles, commune dont le chef de l’exécutif régional, Charles Picqué, est le bourgmestre prétendument "empêché".
Sous prétexte qu'ils ont été élus démocratiquement, des politiciens décident un beau jour de chasser les propriétaires et locataires d'un quartier pour y accomplir leurs rêves de grandeur pharaonique. Voilà donc ce que l’on appelle communément "l’intérêt général" : imposer son diktat à des gens sans défense pour assouvir ses ambitions personnelles d’homme de pouvoir.
Ce n'est ni plus ni moins que la poursuite de l'absolutisme par d'autres moyens - bien plus efficaces, au demeurant, qu'à l'époque de Louis XIV (qui était, au final, moins puissant que l’Etat socialiste contemporain). En l'occurrence, les étatistes partent du présupposé que tout terrain appartient à la puissance publique et, ensuite seulement, aux propriétaires fonciers (doctrine du "domaine éminent", très prisée également aux USA) qui l'ont pourtant acquis dans les règles. En s’appuyant sur des lois de circonstances, le domaine public l’emporte dès lors sur la propriété privée, et les tenants du premier sont prêts à écraser quiconque leur résistera.
Suivant leur logique purement intéressée, les pouvoirs publics s'arrogent le droit absolu d'expulser des personnes (propriétaires et locataires) gênant leurs coûteux projets immobiliers. En revanche, un propriétaire authentique, en particulier lorsqu'il chasse un locataire indélicat ou qu’il exige des garanties locatives (motivées par l’insécurité juridique dans laquelle le plonge jour après jour la législation passée, présente et à venir), est d'emblée dénigré par eux comme un individu sordide et égoïste, un salaud de la pire espèce !
De surcroît, la réponse des pouvoirs publics est des plus hypocrites et se présente, en gros, comme suit : "Nous avons fait des offres intéressantes, mais il reste de méchants récalcitrants qui ne veulent pas céder leurs biens, alors que nous avons été bons princes en leur proposant des compensations. On se demande ce qu’il leur faut, ainsi qu’aux locataires - puisque nous avons relogé plusieurs d’entre eux grâce à nos services sociaux !" Imaginez qu’Al Capone - revenu d’entre les morts - sonne à votre porte et vous dise : "Ecoute, coco, tu as le choix : soit tu acceptes mon offre ; soit je te fais dégager par mes hommes de main, qui te relogeront où je l’aurai décidé". Difficile de concevoir cette menace comme une procédure honnête, n’est-ce pas. C’est d’ailleurs pour mieux imposer ce type de mesures autoritaires et coercitives que les politiciens et leurs idéologues-caniches passent le plus clair de leur temps à vociférer contre les "injustices du marché" et "les crimes du capitalisme". Quand on est au pouvoir et qu’on tient à conserver son emprise sur les citoyens, la meilleure défense, c’est l’attaque.
En bon français, cette campagne d’expropriations en chaîne s'appelle bel et bien du racket ou du vol - au choix. Bref, le socialisme en action.
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