Le fait du Prince
Le ministre de la Justice israélien a déclaré hier qu’en l’absence de condamnation de la communauté internationale, Israël estimait avoir reçu le feu vert pour poursuivre son offensive (un bilan - évidemment provisoire - de cette tragédie est disponible ici). Drôle de conception du droit, hélas représentative de son interprétation étatiste : faisant fi de principes supérieurs à la volonté humaine, il s’agit d’une conception où l’assentiment fait loi. C’est un peu comme si des vandales se sentaient autorisés à continuer de dévaster gaiement un quartier entier, au motif que personne dans les rues voisines n’a osé protester contre leurs méfaits. Autrement dit, vive l’arbitraire !
Ensuite, le ministre a poursuivi son plaidoyer pro domo en ajoutant que l’Etat d’Israël avait largement laissé le temps aux habitants du Sud-Liban d’évacuer les lieux que Tsahal s’apprêtait à pilonner. Grand seigneur, vraiment, monsieur est trop bon ! Les Libanais lui en seront éternellement reconnaissants, soyons-en sûrs. Il a conclu : "Tous ceux qui restent maintenant dans le Sud-Liban sont, d’une manière ou l’autre, en rapport avec le Hezbollah."
Bien entendu, il ne vient pas à l’esprit de cet individu qu’il y a des gens qui n’ont pas envie de quitter l’endroit où ils vivent et travaillent. C’est proprement inconcevable pour lui : "S’ils restent, c’est que ce sont des terroristes et des ennemis du monde libre, na !"
Ce genre de raisonnement est bien connu chez nous - et essaye de se forger une légitimité en invoquant le prétexte de la "guerre contre le terrorisme" : l’obligation de tous porter une carte d’identité électronique contenant toutes nos données personnelles (en France comme en Belgique), l’interdiction des titres au porteur, la "déclaration libératoire unique", la surveillance ces comptes bancaires, bientôt le cadastre des fortunes (invoqué également pour "sauver la Sécu"), etc. Toutes choses que le bon citoyen doit accepter avec le sourire et en se disant "c’est pour notre bien", sous peine d’être soupçonné de mal-pensance et de sympathies subversives. L’argument ultime de nos étatistes est le même que celui du ministre israélien de la Justice : "Les gens ont été prévenus ; ceux qui n’ont pas régularisé leur situation sont donc des hors-la-loi qu’il faut mettre hors d’état de nuire".
Dans sa nouvelles acception, la liberté est donc réduite à acquiescer aux ordres dictés par la puissance souveraine, qui détient le droit du plus fort. N’oublions jamais que les commandements étatiques instaurent généralement l’état de fait (en ordonnant de se résigner au fait accompli par le gouvernement), pas l’état de Droit.
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