Le platonisme démocratique
Quand une démocratie bombarde des civils sous prétexte d’anéantir des terroristes, il est logique de condamner ce crime, en particulier quand on défend des idées libérales. Pourtant, de bons esprits invoquent une sorte de clause d’exception en faveur de ce type de régime. En particulier lorsqu’il s’agit d’Israël, présenté comme "le moins pire" des belligérants dans l’absolu, presque par essence.
Il est tout d’abord ironique que soit commémoré en grande pompe l’attentat anti-anglais du 22 juillet 1946 perpétré par l’Irgun, alors que les officiels israéliens ne cessent d’invoquer la nécessaire lutte anti-terroriste pour justifier leurs décisions les plus brutales (dont des centaines de civils innocents font les frais, sans compter les milliers d’autres devant opter pour l’exode). Mais il s’agit - bien évidemment ! - pour les autorités locales de fêter un acte de résistance, pas une action terroriste...
Ensuite, j’ai vraiment du mal à suivre cet argument de l’exceptionnalité : Israël est un État comme un autre qui n’a pas à se prévaloir d’une quelconque supériorité morale. Le double standard commence lorsque l’on minimise les crimes d’un régime en fonction de sa nature politique. Je l’avais déjà signalé à propos du bombardement d’Hiroshima par l’aviation américaine. Exonérer tout méfait commis par un gouvernement au motif qu’il serait démocratique ne vaut pas mieux que les ratiocinations des communistes justifiant l’occupation des "pays frères" au nom de la dictature du prolétariat. J’irais même jusqu'à écrire que cela appartient au même registre de néant moral et de bolchevisme juridique.
Plus généralement, c’est lorqu’une démocratie est en guerre que l’on s’aperçoit de sa nature liberticide, comme en témoigne par exemple l’emploi de la censure. De plus, le climat de guerre a pour effet d’empêcher les divisions idéologiques : chacun doit cautionner l’union sacrée ! Celui qui exprime la moindre tentative d’opposition est déjà un traître potentiel, un comploteur félon. Il est, du reste, consternant de voir que, parmi les libéraux, Israël a nécessairement toujours raison, quelle que soit l’équipe politique au pouvoir, et surtout comme si cet État était par vocation le summum du libéralisme appliqué. C’est d’autant plus étrange qu’il s’agit d’un pays dont les fondations idéologiques et la culture politique sont intrinsèquement socialistes ! Est-ce d’ailleurs un hasard si c’est un gouvernement de centre-gauche qui se montre aujourd’hui si belliqueux ? En outre, que dire de la dispendieuse aide américaine, augmentée continuellement, sinon qu’elle va à l’encontre des intérêts mêmes des États-Unis et qu’elle n’aide guère Israël à vivre normalement (mais est-ce le souhait de ses dirigeants ?).
Le rôle des libéraux n’est pas d’applaudir aux "exploits" guerriers d’une démocratie, mais au contraire de refuser de s’aveugler sur ses méfaits. Dans un conflit, le moins pire est celui qui évite de tuer des innocents, pas celui qui les sacrifie au nom de fariboles nationalistes et militaristes. Jugés à cette aune, le gouvernement israélien (ainsi que son armée) et le Hezbollah se valent bien.
11 commentaires
Reste plus qu'à détailler le camp d'en face !
Dans un conflit, le moins pire est celui qui évite de tuer des innocents, pas celui qui les sacrifie au nom de fariboles nationalistes et militaristes. Jugés à cette aune, le gouvernement israélien (ainsi que son armée) et le Hezbollah se valent bien.
Ensuite, le droit s'applique aussi dans un contexte de guerre. Le nier revient finalement à dire que les belligérants (et en particulier l'agresseur) peuvent tout se permettre.
Israël a en effet le rôle du martyr, l'Etat étant un des plus récents de la planète, et acquis juste après les très condamnables exterminations juives.
Mais le passé reste le passé, et il faudrait considérer désormais qu'Israël est autonome, et le traiter avec les mêmes égards, y compris dépréciatifs, que les autres. Les générations qui dirigent et se battent aujourd'hui ne sont plus celles d'après 45, il faut donc réussir à voir plus clairement ce qui se joue, sans tabou.
D'ici, je ne me prononcerais pour rien en faveur de l'un ou l'autre des pays. Pas même parce que c'est "vu à la TV".
Ainsi que sur des émissaires de l'Onu : http://www.nydailynews.com/front/story/438203p-369168c.html
Tu oublies de dire que Tsahal envoie quasi-systématiquement des tracts pour prévenir les populations des attaques que leur zone va subir.
A moins d'être aveuglé par ses préjugés, je me demande comment on peut penser une seule seconde que Tsahal cherche délibérément à massacrer des civils. Si c'etait vraiment le cas, alors on peut railler la faible efficacité de cette armée dont on disait qu'elle etait très puissante!
A l'inverse, comme le rappele Jan Egeland de l'ONU, la lâcheté du Hezbollah consiste à se réfugier délibérément derrière des civils, parmi des civils, afin de s'en servir comme bouclier. M. Egeland parvient à dire cela tout en fustigeant la réponse disproportionnée de Tsahal.
http://www.news.com.au/heraldsun/story/0,21985,19913925-663,00.html
Tout ceci me laisse extrêmement perplexe je dois l'avouer.
Ensuite, que je sache, le Hezbollah est composé de Libanais, pas de factieux étrangers au Liban qui se planqueraient derrière les civils comme si ces derniers étaient des mannequins. En outre, si Tsahal veut mettre un terme aux agissements de cette organisation, ce n'est certainement pas en frappant des personnes extérieures au Hezbollah (sous prétexte qu'il est difficile de distinguer un terroriste d'un citoyen ordinaire) que cette armée y parviendra. Au contraire, il n'y a rien de tel pour s'aliéner la population entière.
Enfin, comme déjà rappelé auparavant, condamner les crimes commis par l'armée israélienne ne revient pas à cautionner ceux du Hezbollah. Que ce soit bien clair. Evitons la politique du "avec nous ou contre nous".
Ceux qui disent cela sont soit des polémistes capables de raconter nimp, soit tout simplement des ignorants de la situation.
Ensuite, et au passage, dire que le Hezbollah n'est composé que de Libanais est très mal connaitre ce parti, ce groupe terroriste, il est très présent en Asie du Sud Est par exemple, composé de nationaux locaux, des phillipins sont en train d'arriver sur le front par exemple.
the Islamic Defender's Front (FPI) ’s spokesman, Yusuf al Qardawi, announced that 90 members of his group were leaving for Lebanon and “are ready to die as martyrs.” The FPI threatened to recruit large numbers of jihadis to fight the Americans in Iraq in 2003, though few actually went. The FPI's leader, Habib Rizieq, was quickly detained by US forces and sent back to Indonesia, though the government did nothing to punish him.
D'autre part, des Gardes révolutionnaires iraniens ont aidé, aident et aideront le Hezbollah notamment concernant les missiles compliqués à utiliser. (toujorus sur l'aspect "seuls de libanais sont impliqués")
Pour conclure : ne te raccroche pas à grille d'analyse "avec nous ou contre nous", c'est clairement un effet de tribune sans intérêt.
Je n'ai jamais dit que tu cautionnais quoique ce soit, j'ai simplement dit ce que je t'ai déjà dit : tu n'écris jamais les mots suivants, Iran, Syrie, Hezbollah. Tout ce qui t'intéresse, c'est IsraëlWatch, cette obsession me semblant curieuse, je la dénonce.
C'est tout.
Et voilà !
(au fait mon nouveau blog : http://mondodingo.blogspot.com, et dingomondo@blogspot.com
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