31.8.06

Il faut enterrer l'impôt sur la mort !

Le Figaro a publié hier une tribune de Pascal Salin dénonçant avec fermeté l’injustice de l’impôt sur la mort. La force de ce texte est de montrer le caractère proprement ignoble de cet impôt, probablement le pire de tous ceux qui existent avec l’impôt progressif sur le revenu.


Salin fustige avec vigueur les socialistes de tout poil qui voient dans toute diminution, voire suppression, de cet impôt un "cadeau fiscal fait aux riches". En d’autres termes, dans l’esprit des collectivistes, l’État serait le propriétaire des richesses produites par les individus ! Cette "logique" est typiquement communiste, ainsi que le note l’économiste libéral. En vérité, la brutalité de cet impôt a pour effet (voulu) de détruire le patrimoine constitué par les individus et de le remettre entre les mains de l’appareil étatique qui pourra ensuite le dépenser allègrement.


Un exemple éloquent est offert par l’érosion des patrimoines immobiliers à Bruxelles, qui s’explique par cette entreprise de spoliation. Les héritiers se faisant racketter cèdent aux pouvoirs publics le bien que le défunt leur avait destiné parce qu’ils n’arrivent pas à réunir le montant de la rançon exigée ou bien parce qu’ils refusent de faire peser à long terme une charge sur ceux qui leur succéderont.


Dans un billet opposant Pascal Salin à l’économiste officieux du PS Thomas Piketty, A. Delaigue du site Econoclaste (qui avait déjà montré par l’exemple son goût "scientifique" pour l’éthique de discussion) fait semblant de croire qu’il y a un équilibre à tenir entre le keynésianisme pontifiant de Piketty et l’idéologie cohérente de Salin. Ou plutôt, s’il critique le premier, c’est - me semble-t-il - parce qu’il trouve que ses arguments sont insuffisants compte tenu de l’objectif social-démocrate qu’il défend. Il suffit de voir avec quel désappointement Delaigue considère que les arguments de Piketty sont, selon lui, "inaudibles" en France. À cet effet, il recourt même à un homme de paille en expliquant que l’on entendra plus souvent à la télévision des gens se plaindre de l’Etat spoliateur que des personnes prétendant avoir retrouvé du travail grâce à la diminution des charges "sociales"...


En outre, si l’éconoclaste chroniqueur admet le caractère éthique de ce débat, c’est pour des raisons purement quantitatives, puisqu’il écrit : "Car la question de l'impôt sur les successions est éthique avant d'être économique : cet impôt, après tout, représente une très faible part des recettes publiques." Autrement dit, si l’impôt sur la mort constituait le gros des recettes fiscales, il ne poserait pas de problèmes moraux !


Une preuve que l’auteur a fondamentalement le cœur qui balance pour le social-démocrate Piketty apparaît très clairement dans le dernier paragraphe :


"C'est pourquoi, dans la bisbille entre Piketty et Salin, ce n'est pas parce que le premier a le pragmatisme et la science économique avec lui qu'il l'emportera; les idéologies, bien qu'elles soient inadaptées à la complexité du monde, ont un avantage qu'on peut déplorer, mais qu'on aurait tort de négliger."

En clair, Piketty se voit crédité d’un pragmatisme (on se demande bien lequel, sinon de ne vouloir saigner le contribuable "que" jusqu'à X ou Y pourcents...) et auréolé du titre envié de scientifique, tandis que Salin ne serait qu’un idéologue refusant la Science (au sens hégélo-lyssenkien du terme). De plus, ce dernier n’a pas l’heur d’accepter la "complexité du monde" qui nécessiterait aux yeux de notre keynésien la justification de l’interventionnisme étatique le plus spoliateur. Delaigue, craignant que les arguments de Salin ne l’emportent, semble donc proposer à Piketty de mettre un peu plus d’idéologie dans sa tisane universitaire - comme s’il avait attendu cet amical conseil.


C’est ce qui s’appelle l’objectivité scientifique...