22.8.06

Numerus clausus

Cela fait à présent dix ans qu'un système de numerus clausus est plus ou moins imposé dans les facultés de médecine belges. Comme le rappelle la Libre Belgique, cela cause chaque année des problèmes non négligeables, et ce d'autant que les quotas sont accordés par université et non globalement. Mais passons sur les difficultés pratiques, et sur les rumeurs, colportées il y a quelques semaines par la Radio Télévision Bolchévique Francolâtre (RTBF), d'une pénurie de médecins généralistes qui commencerait à se faire sentir.

Bien que les difficultés pratiques ne soient pas négligeables, la critique de ce ce système de numerus clausus doit surtout se concentrer sur le raisonnement qui est à la base de son instauration. Tout d'abord, il s'agit d'une énième manifestation du refus des socialistes qui dirigent l'enseignement en Belgique francophone de reconnaître que les vertus de la planification sont un mythe, et un mythe dangereux. Plus de soixante ans après la parution de "The Road to Serfdom" de F.A. Hayek et plus de quinze ans après l'écroulement de l'empire soviétique, miné par les difficultés économiques et dont les citoyens eux-mêmes avaient élaboré de nombreuses blagues croustillantes sur la situation de pénurie permanente, ce refus d'accepter la vérité économique et historique serait risible s'il n'avait pas des conséquences désastreuses pour la société. Nos amis socialistes, toujours prompts à critiquer le prétendu aveuglement de ceux qui n'ont pas le bon goût d'être athées comme eux, feraient bien de se demander en quoi croire en l'existence d'un Etre Suprême serait plus ridicule que s'imaginer que le gouvernement est mieux à même que les individus de décider de quoi ils auront besoin, de quand ils en auront besoin, de comment le leur procurer et de qui se verra confier cette tâche et à quelles conditions.

Le numerus clausus, ce n'est rien d'autre qu'un nouvel (enfin pas tant que ça) avatar de la volonté planificatrice de nos édiles. Car, à bien y réfléchir, quel mal y aurait-il à ce que notre population compte trop de médecins ? Aucun, que du contraire. De toute manière, si l'offre de soins médicaux dépasse la demande, un ajustement aura lieu. Soit le prix de la consultation baisserait, ce qui serait la réponse classique si le marché était libre, soit, puisque l'INAMI contrôle le prix minimum de la consultation, certains médecins ne trouveraient pas leur compte dans l'exercice de leur activité et se retireraient purement et simplement du marché. Ou bien, mieux encore, ils émigreraient vers les pays où les médecins sont plus rares, permettant ainsi d'améliorer les conditions de vie dans les pays où leurs services seraient appréciés. Petit bonus pour la population : il est fort probable que le "tri" effectué par le marché permette en outre une sélection des médecins les plus performants.

En bref, donc, les conséquences d'une pléthore de médecins seraient de toute manière neutralisées par la réaction du marché. Inutile que le gouvernement ne s'en mêle comme il le fait depuis dix ans.