Coopération et nature humaine
Dans son dernier numéro, The Economist consacre un bref mais passionnant article aux caractéristiques du regard humain. Contrairement à celui des singes, dont la pupille et l'iris recouvrent de leur opacité le globe oculaire, l'oeil de l'homme est délimité par une surface blanche et luisante. Cela implique qu'il est aisé pour un individu, en suivant le regard d'un autre homme, d'identifier l'objet que contemple ce dernier.Selon des chercheurs de l'Institut Max Planck pour l'Anthropologie évolutionnaire, établi à Leipzig, cette caractéristique distingue l'homme de ses cousins les singes, dont le regard dissimulé suggère qu'il leur permet de cacher à leurs rivaux ce qu'ils regardent (la femelle convoitée ou la banane qu'ils comptent savourer, par exemple). La présence d'une surface blanche et brillante chez l'être humain facilite, au contraire, une communication non verbale et, partant, une coopération reposant sur l'accès à l'information.
Le fait que la coopération puisse être considérée comme faisant partie du bagage humain me semble avoir pour conséquence l'invalidation du dogme étatiste selon lequel tout gouvernement doit obliger les individus à collaborer entre eux, faute de quoi ce serait le chaos inéluctable. Cette découverte confirme, en revanche, la nature sociable des membres de l'espèce humaine. Pour survivre, nous devons non seulement coexister, mais coopérer. Les échanges inter-individuels sont donc consubstantiels à notre survie, car le développement du commerce - loin d'aggraver le conflit entre les hommes, cette compétition animale que l'on retrouve, par exemple, dans les rodomontades entre gouvernements voulant protéger l'économie "nationale", quitte à se déclarer la guerre les uns aux autres - favorise l'épanouissement de leur nature.
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