4.12.06

Les économistes s’accordent-ils sur quelque chose ? Oui !

Robert Whaples vient d’effectuer un sondage au sein de l’American Economic Association. Il en ressort qu’en dépit des apparences, de nombreuses propositions récoltent un large consensus dans la profession :

  • 90,1% rejettent la proposition « les Etats-Unis devraient entraver les délocalisations. »
  • 87,5% pensent que « Les Etats-Unis devraient éliminer les droits de douanes existants et les autres barrières au commerce. »
  • 85,2% jugent que « les Etats-Unis devraient éliminer les subventions à l’agriculture. »
  • 85,3% reconnaissent que « le fossé entre les recettes et les dépenses de la Sécurité Sociale se creusera de manière insoutenable dans les cinquante années à venir si les politiques actuelles restent inchangées. »
  • 77,2% pensent que « la meilleure manière de faire face au déficit abyssal à long terme de la Sécurité Sociale est d’augmenter l’âge moyen de départ en retraite. »
  • 67,1% pensent que « les parents devraient recevoir des chèques-éducation utilisables dans des écoles publiques ou privées. »

Liberté de circulation des capitaux et des marchandises, abrogation de la PAC et du Farm Bill, reconnaissance du caractère insoutenable des « systèmes sociaux » actuels et rejet d’une résolution par la hausse de la pression fiscale, avancée conséquente vers la liberté de l’enseignement : voilà qui n’est pas pour déplaire aux libertariens ! Regrettons juste que les membres de l’AEA n’aient pas encore réussi à dépasser le véritable tabou qui pèse sur les secteurs de la santé, des retraites et de l’enseignement. Ils finiront par reconnaître un jour que là comme ailleurs, la liberté individuelle et la solidarité volontaire (la seule qui mérite son nom) sont de loin préférables à la contrainte et à l’embrigadement.

Signalons une proposition qui ne recueille pas un aussi large consensus que les précitées mais qui semble néanmoins beaucoup plus populaire chez les économistes que dans le reste de la population : « Les Etats-Unis devraient légaliser la marijuana ». 62,2% des sondés y sont favorables. La cause de cette curiosité n’est pas à rechercher dans un lien supposé entre la pratique de la science économique et la consommation de cannabis (non, les congrès scientifiques de l’AEA ne sont pas de monumentales Ganja Parties...) mais plutôt dans l’énorme coût d’opportunité qu'engendre la prohibition de la marijuana. Les économistes ont également analysé l’épisode historique tragique de la prohibition de l’alcool et ont su en tirer les leçons.

Via le blog de Greg Mankiw