15.7.07

Rétrospective

Si les socialistes wallons ont essuyé une sévère déculottée aux élections fédérales, sans doute est-ce parce que le MR a enfin eu le courage de tenir un discours plus offensif. Et encore, ce fut dans la foulée de l’élection de Sarkozy en France, car au début de la campagne électorale, la volonté de voir un ex-futur partenaire socialiste en pleine forme obséda certains caciques de l’avenue de la Toison d’Or). Evidemment, chacun pourra s’interroger sur l’hypocrisie des dirigeants des Réformateurs, qui ont gouverné avec le PS pendant huit ans sans marquer de rupture idéologique fracassante avec lui. Certes, en 2003, Daniel Ducarme, alors président du MR, avait lancé sur le ton définitif des individus prêts à tous les renoncements : « Il nous faut rompre avec tout ce qui fonde le socialisme ! ». En réalité, ce n’étaient là que paroles électorales, servant à mettre en valeur une différence de pure forme. Car, fondamentalement, ce ne sont pas tellement les objectifs sur lesquels nos libéraux belges (car j’inclus également leurs homologues flamands, dont la mentalité soc-dem apparaît dans toute sa clarté depuis longtemps et fut récemment confirmée par le changement de nom en Open-VLD… ouverture radicale à la pensée gaucho-bobo, évidemment) se disputent avec les socialistes, mais sur les moyens et les bénéficiaires de leurs politiques de redistribution.

À ce titre, je vous soumets ce florilège éloquent (que m'a adressé un aimable et fidèle lecteur de CPS) de déclarations péremptoires tenues par Louis Michel, le chantre tonitruant du « libéralisme social », lorsqu’il présidait encore la fédération « libérale », sous le premier gouvernement Verhofstadt (1999-2003). A la lumière des différents scandales auxquels le PS a été mêlé, les propos du désormais commissaire européen fiscolâtre donnent toute la mesure de la complaisance du PRL, devenu MR, envers les collectivistes du Boulevard de l’Empereur.

« Il y a des réalistes et des irréalistes partout. Des gens comme Di Rupo et Van Cau ont la volonté de redresser la Wallonie. Les libéraux aussi. Mais tous ceux qui rêvent de la gauche plurielle (i. e. les écolos) sont potentiellement les fossoyeurs de la Wallonie. »

Le Soir, 17 avril 2001

« Le Gouvernement wallon travaille bien. Son Ministre Président (Van Cau) aime profondément la Wallonie. Il dirige son équipe avec une grande sagesse. »

Le Soir, 3 décembre 2001

« Il y a un certain nombre de points de convergence avec le PS. Nous ne serons évidemment jamais des socialistes. Et eux ne seront jamais libéraux. Mais, avec notre évolution idéologique, nous sommes dans le voisinage du PS. Défendre la liberté pour tous, c’est aussi défendre le syndicalisme, l’Etat … »

La Libre Belgique, 15 janvier 2002

« (De manière générale), le discours d’Elio Di Rupo est le plus fin et le plus modéré de tous les socialistes »

La Libre Belgique, 3 mai 2002

« Il est clair que le PS, qui a une tradition de responsabilités et de pouvoir, de pragmatisme aussi, est un partenaire qui me parait beaucoup plus utile et positif (que les Ecolos) dans la mesure où il défend totalement les valeurs de gauche, mais le fait avec une ouverture de vue, avec un esprit moins étriqué, moins théorique (…) le PS a une capacité de résistance et de négociation extrêmement élevée et se bat remarquablement pour ses idées, nous aussi du reste. Une fois qu’un accord est conclu avec le PS, c’est fiable. Le PS a une tradition de loyauté qui est très différente d’autres … »

Le Soir, 19 juillet 2002.

Faut-il s’étonner de ces flatteries, sincères pour une bonne part ? Non, l’imprégnation socialisante du libéralisme politique en Belgique lui est quasiment consubstantielle. Quand un parti se vante d’avoir contribué à la création de la sécurité sociale étatique et qu’il importe de défendre coûte que coûte ce merveilleux acquis gravé dans le marbre social-démocrate, que faut-il en attendre de bon ?