23.1.05

Bam et le tsunami: générosité mensongère

Quand j'étais petit, ma maman m'a appris que lorsque l'on donnait à un clochard ou un vagabond, que ce soit de l'argent, un sandwich, etc., il ne fallait surtout pas le clamer sur tous les toits, car cela annulait en quelquesorte l'action bienfaitrice.

Ainsi, celui qui se rend coupable de cela n'ira pas au paradis. Toutefois, ce n'est pas le pire qu'un être humain puisse faire.

Ce qu'un être humain peut faire de pire, c'est clamer sur tous les toits qu'il a donné, sans avoir rien donné du tout à qui que ce soit. Ce comportement abject, me direz-vous, n'existe pas chez les être humains. Effectivement, j'exagère: les entités vivantes dont je parle ne sont pas des être humains, ce ne sont même pas des animaux, ce sont des hommes de l'Etat.

Le 26 décembre 2003, la ville iranienne de Bam subissait un terrible tremblement de terre qui se solda par la disparition ou le décès d'environ 30 000 personnes.
Le 6 janvier suivant, Renaud Muselier déclarait: "En moins d'une semaine, notre pays a mobilisé près de 6 millions d'euros". Dans la foulée, d'autres promesses sont formulées par le sous-ministre des Affaires Etrangères, comme la contruction d'un hôpital, ou la restauration de la citadelle de Bam, classée par l'Unesco.

Au final, les cloportes que sont les hommes de l'Etat auront envoyé 861 552 euros. Vous avez bien lu, entre sept et huit fois moins que ce qui a été promis.
Pour l'hôpital: sur 2.45 millions d'euros, seuls 0.5 ont été versés par l'Etat français. Le solde provient de dons privés (entreprises essentiellement).
Au total, donc, l'aide équivaut à 1 361 552 euros, au lieu des 6 millions et plus promis par Muselier.

Il y a même encore mieux: le français, écrasé de taxes, ponctionné à des niveaux inégalé dans l'histoire des hommes, a quand même réussi, pour ce séisme extraordinairement peu médiatisé, à envoyer 4 134 000 euros. Sans qu'on ne lui demande rien.

C'est-à-dire que ce sont les français qui ont tenu en partie les promesses des hommes de l'Etat.

Au total, les promesses de dons des Etats étaient de l'ordre de 115 millions de dollars, l'ONU n'en a reçu en fait qu'à peine 15.
Qu'on ne se méprenne pas: je ne suis pas un amoureux de l'intervention étatique, je ne demande pas que Raffarin verse ce qu'il a promis.

Je ne lui demande qu'une chose: ne pas mentir, surtout sur ce genre de sujets.

Raffarin a promis environ 50 millions d'euros. Prenons les paris dès maintenant: combien donnera-t-il, finalement? Dix fois moins, cinq fois moins seulement? Allez, j'attends vos paris!

5 commentaires

Blogger Olivier L. a écrit...
"Il y a deux jours, le président iranien, Mohammad Khatami, avait déclaré que sur plus d'un milliard de dollars d'aides promises, seulement un peu plus de 17 millions de dollars avaient été effectivement versés."

Les chiffres diffèrent mais la conclusion reste la même...

(http://www.linternaute.com/afp/depeche/mon/041225105219.2om3mn9j_i.shtml)
à 11:06 AM
 
Blogger Sous-Commandant Marco a écrit...
Encore plus hypocrite que les promesses étatiques de don (non tenues comme l'immense majorité des promesses étatiques), il y a la volonté des politiciens de faire main basse sur les dons privés. Comme le Canard Enchaîné le signalait il y a quelque temps, l'importance des dons privés vers les pays victimes du Tsunami (plus de 2 milliards de dollars en tout) a suscité des vocations charitables chez les hommes politiques français: "la prochaine fois, l'état devra organiser tous ces dons privés". Les Français ayant encore suffisamment d'argent pour en donner à des pays situés à des milliers de kilomètres de distance, il est effectivement urgent de créer un impôt Tsunami. Le produit de cet impôt servirait sans doute à augmenter les promesses de don du Président, qui pourra ainsi se livrer à sa petite surenchère pour savoir qui a la plus grosse (note: capacité à donner) avec les autres grands de ce monde.
à 11:43 AM
 
Blogger jabial a écrit...
T'as oublié le plus important : les hommes de l'Etat donnent exclusivement de l'argent qui ne leur appartient pas. Pour eux, ce n'est pas un coût mais un profit (politique).

Idée de carricature : un flic qui arrache à un boulanger des billets de son tirroir-caisse, en lui disant "c'est pour les pauvres!".
à 10:20 AM
 
Blogger Chitah a écrit...
Oui, mais le texte que je propose ne pouvait pas non plus faire des pages et des pages, quand même!
à 4:38 PM
 
Blogger Charles Legrand a écrit...
Salut !

Je n'arrive pas à lire les commentaire de
http://www.ex-abrupto.org/article.php3?id_article=80

Article terrible ! Ces gens sont complétement fous !

Bonne continuation.
à 4:29 PM
 

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