Le torchon brûle
Nos lecteurs belges se rappelleront qu'il fut un temps où les gens de bien étaient représentés par un parti libéral, le PRL, et l'aile droite du parti social-chrétien, le PSC. Cette aile droite fut complètement éliminée durant les années 1980 par la direction du parti et notamment par Gérard Deprez, qui à l'époque ne pouvait voir passer un cul socialiste sans être pris d'une frénésie orale impossible à maîtriser.Le PRL de son côté, dont la direction avait été infiltrée par des personnages douteux venus de l'extrème-gauche, généralement via le Rassemblement Wallon, se mit tout doucettement à désespérer d'encore jamais arriver au pouvoir en Wallonie. C'est pourquoi il forma une grande coalition anti-PS en s'alliant avec le FDF, un parti de gauche implanté surtout à Bruxelles et qui parvient curieusement à mêler sentimentalisme belgicain et haine du Flamand. Détail amusant, dans diverses communes bruxelloises, le FDF était l'ennemi juré des libéraux depuis des lustres. On récupéra aussi au passage le MCC, micro-scission "de droite" du PSC menée, ça ne s'invente pas, par le même Gérard Deprez qui s'était soudainement - mais tardivement - convaincu que le PS, qu'il avait tant fait pour renforcer, était le Mal et qu'il fallait désormais le combattre. Ces alliances contre-nature qui déplaçaient sensiblement vers la gauche le PRL, désormais nommé Mouvement Réformateur (MR), furent vendues aux sceptiques comme le moyen de renvoyer le PS dans l'opposition. Ceux qui contestèrent furent exclus, dans la plus grande tradition du centralisme démocratique, et comme il fallait s'y attendre, la grande alliance anti-socialiste n'eut rien de plus pressé que de gouverner avec le PS dès que l'occasion se présenta. En d'autres termes, le MR n'a jamais été autre chose qu'une gigantesque escroquerie, dont le principal résultat a été de consolider le pouvoir du PS tout en déplaçant le centre de gravité politique de la Belgique francophone encore plus à gauche qu'il ne l'était déjà. Mais il faut avouer que cela rapporte beaucoup de petits postes aux gens du sérail, et après tout, c'est cela qui compte, non ?
Ceci étant, la grogne parmi les libéraux, y compris au sein du MR, ne s'est jamais complètement éteinte, d'autant que le FDF est un partenaire dont l'arrogance n'est égalée que par l'infidélité. On sait par exemple qu'après les dernières élections régionales à Bruxelles, il a été à deux doigts de rejoindre la coalition de gauche PS-Ecolo. Le président du FDF, Olivier Maingain, le Louis XIVeke de la Woluwe, a ainsi posé son veto à la présence de libéraux flamands sur les listes, poussant des personnalités libérales francophones de premier plan à ne pas se présenter, ce qui garantit une victoire du PS à Bruxelles-Ville. Dans la plupart des communes où le FDF domine, il a tenté de marginaliser les libéraux par tous les moyens. C'est notamment le cas à Auderghem, où Didier Gosuin, bourgmestre et candidat à la présidence du FDF, grand altermondialeux devant l'Eternel, tâche par tous les moyens de contrer et de décrédibiliser Alain Destexhe le seul homme politique francophone de stature nationale qui ose encore s'opposer au PS. La presse nous apprend ce matin que Destexhe franchit le Rubicon et mène une liste PRL contre Gosuin. Mieux encore, il semble être soutenu par la fédération bruxelloise du PRL, présidée par Jacques Simonet.
Espérons que cet événement aura au moins pour effet de rabattre le caquet du FDF, ce reliquat ridicule des années 1970, et signale le début de la fin de la dérive gauchiste du PRL. Quel intérêt possède encore aujourd'hui le MR, qui non seulement n'a pas réalisé son but supposé, être un machine de guerre anti-PS, mais qui a de plus fini par dégoûter bon nombre d'électeurs authentiquement libéraux ? Tôt ou tard, le MR devra choisir: soit il continue à mener sa politique de collaboration avec le PS, soit il devra faire face à un parti libéral sur sa droite. Wait and see...
PS : excellents billets de Climax et de Bruxelles Politique à ce même sujet.
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