Quand la politique de proximité jargonne
Un fidèle lecteur m’a fait connaître un site presque aussi ébouriffant que celui d’Eric Sax, il s’agit de celui de Gregor Chapelle, candidat PS à Forest. Ancien président de la FEF (Fédération des étudiants francophones, le tremplin-carrière de la gauche caviar en Belgique francophone), Chapelle voudrait, semble-t-il, devenir le Raymond Devos du socialisme bruxellois ; du moins, si j’en crois le nom de son association : Oxyjeunes/Hydrojeunes. Cependant, il est plus convaincant dans le registre 1789 : le voilà qui s’est décerné le titre envié d’Allié des Citoyens, rien que ça ! Mais que nous veut donc l’Ami du Peuple 6.0 ?
Son programme est évidemment à la hauteur de ce titre ronflant dont il s’est paré : lutte contre l’insécurité, contre la saleté, pour la convivialité. Rien que de l’inédit. On peut même parler d’un programme allant à contre-courant, tant nombre de citoyens rêvent de rues jonchées d’immondices, de criminalité impunie, de rixes perpétuelles et autres émeutes urbaines. De l’audace, toujours de l’audace, comme disait l’autre. Et bien sûr, comme tout bon socialiste, il a son plan de lutte active et citoyenne contre le chômage : ce phénomène disparaîtra si l’on promeut les secteurs parasitaires, pardon, "l’économie sociale"...
D’ailleurs, en lisant son programme dans le détail, on trouve des formules singulières. Ainsi, pour l’environnement, nous apprenons qu’il "se dégrade tous les jours et menace notre santé". Fichtre, nos socialistes vont-ils proposer un Plan quinquennal de lutte contre l’Environnement menaçant ? D’ailleurs, nous y découvrons que "nous empruntons la biosphère à nos enfants", mais l’histoire ne précise guère si c’est avec ou sans les intérêts (ni leur pourcentage éventuel). Et Gregor de rasséréner ses lecteurs (qui se demandent sans doute de quoi on leur cause) sur le ton d’un sergent-recruteur servant un dernier coup à de pauvres diables ignorant ce qui les attend : "Je serai votre allié dans ce combat". Une fois élu, va-t-il donc se pointer avec un fusil et secondé par la maréchaussée pour sommer d’honnêtes pères de famille de rendre l’air qu’ils ont chipé avec fourberie à leur progéniture ?
Quant à l’insécurité, la solution est toute trouvée : il faut... il faut... Re-ti-sser du lien social, voyons ! Mais surtout, innovation torride : "générer des solidarités chaudes." Le PS forestois va donc promouvoir l’ouverture de boîtes échangistes ? Les socialistes pour le libre-échange, ce serait une première à saluer ! Ceci dit, ne rêvons pas sur la réalité calorifique du projet : le titre du dernier bouquin de l’intéressé ne s’appelle pas pour rien : "Chaud devant ! Construire une gauche offensive" (sous-entendu : "méchants ultralibéraux, gare à vos miches").
Mais le plus beau, cela reste le thème de la propreté. Supposant sans doute que ses concitoyens aiment se vautrer dans la crasse, l’audacieux Gregor envisage une action d’une ampleur inouïe jusqu'à aujourd’hui : des fêtes de la propreté, afin de rappeler le populo à ses devoirs hygiéniques élémentaires. Ces majestueuses bacchanales étant financées par l’impôt, faudra-t-il un jour s’écrier : "la propreté, c’est le vol" ?
4 commentaires
En particulier, j'étais certain que h16 y trouverait matière à divertissement.
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