2.8.06

Une délivrance espérée pour les Cubains

"Le pouvoir ne m’intéresse pas. Après la victoire, je veux rentrer dans mon village et reprendre mon métier d’avocat". Prononcée en 1957 devant un journaliste du New York Times, cette déclaration de Castro illustre à merveille le caractère menteur, manipulateur et foncièrement hypocrite du personnage. De la même manière, en juin 1959, après sa prise de pouvoir, il revint sur sa promesse d’organiser des élections libres en prenant le peuple de La Havane à témoin : "Des élections, pour quoi faire ?". Faut-il rappeler que cet homme qui se présentait au départ comme un fervent anticommuniste s’était entouré de son frère Raul, membre du parti communiste cubain, et d’Ernesto Guevara, marxiste psychopathe dont l’un des premiers faits d’armes consista à faire fusiller par ses guerilleros un gamin au motif qu’il avait chipé un quignon de pain ? Rappelons au passage que Guevara, incapable ministre de l’Industrie et restaurateur de l’esclavage avec ses "dimanche de travail volontaire", sera l’un des principaux instigateurs du système concentrationnaire cubain.


L’un des derniers tyrans communistes va donc mourir dans son lit. Un de plus qui échappera à la justice terrestre. Que ce bourreau continue d’être salué comme un héros par la gauche en dit long sur la moralité de celle-ci. Pensons à cette mémorable visite du gouvernement wallon à La Havane, afin d’y dilapider l’argent du contribuable (flamand en particulier). Sans oublier les multiples voyages de Louis Michel, le "libéral progressiste" de service.


Castro a depuis longtemps fait tomber les ténèbres sur cette île ensoleillée. Pour atténuer l’oppression communiste, les laudateurs du Cuba socialiste dépeignent la dictature de Batista comme incommensurablement pire. C’est un mensonge flagrant : le Cuba de Batista était au contraire un pays développé, raisonnablement alphabétisé, où la liberté de la presse était même plutôt respectée.


Même les opposants emprisonnés étaient relativement bien traités par le gouvernement Batista. Pour preuve, les lettres que Castro écrivit de prison à son ami Luis Conte Agüero. Le futur dictateur y détaille ainsi son mode de vie : lecture des classiques marxistes, débats politiques animés avec d’autres prisonniers, travaux d’érudition au sein de la bibliothèque de la prison. Castro y prenait deux bains par jour, et son régime alimentaire était tellement enviable qu’il précisa : "J’ai l’impression d’être sur la plage ; et après, j’ai même droit à un petit restaurant. Ils vont me faire croire que je suis en vacances ! Que dirait Karl Marx d’un révolutionnaire de ce genre ?" Je précise que ces lettres ont été écrites entre 1953 et 1955 - vous aurez noté la référence précoce à l’idéologue communiste... Question à deux cents : quel opposant au régime castriste a connu pareil traitement ?


Les prisons cubaines constituent un véritable système concentrationnaire, où les matons se promènent parfois avec de redoutables berges allemands. L’exemple le plus connu est l’UMAP (Unité militaire d’aide à la production), camp de travail où le régime expédia, à partir de 1964, les prêtres catholiques, les Témoins de Jéhovah, les homosexuels, etc. Les pénitenciers dépendant de la police politique (le GII) mêlent délibérément les détenus de droits communs et les prisonniers politiques. Pour éviter d’être violés par les premiers, les seconds en sont réduits à se couvrir d’excréments. Les cellules sont minuscules et bouillantes comme des étuves, à telle enseigne qu’elles ont été surnommées "tostadoras" (grille-pains). Les prisons les plus impitoyables comportent des "conseils de travail des prisonniers", où des détenus se comportent comme des kapos avec leurs compagnons de cellule. Depuis quelques années, la torture psychologique (privation de sommeil, nudité complète des prisonniers, ingestion de produits chimiques pour les faire parler, etc.) est préférée à la trop visible torture physique. Dans les prisons pour femmes, les exactions des gardiens sur les détenues sont la règle. Les personnes qui sont parfois libérées sont évidemment détruites pour le reste de leurs jours.


Dès 1959-1960, Castro créa sa gestapo, le Département de la Sécurité d’État, qui noya dans le sang les rebelles de l’Escambray (constitué d’anciens opposants à Batista passés dans la résistance au nouveau pouvoir) puis ses sections d’assaut, les Comités de Défense de la Révolution, qui surveillent dans chaque pâté de maisons les opinions, voire absence d’opinions, des habitants. Le mouchardage a été érigé en mode de vie. Pour le régime communiste cubain, tout citoyen est un ennemi potentiel.


Parmi les premières mesures "sociales" de Castro, citons la création du carnet de travail - dans lequel devaient être consignées les affectations, mutations et aptitudes de l’employé. Une disposition que la gauche s’empresse également d’omettre est l’allongement autoritaire de la durée de travail. Rappelons aussi l’instauration du service militaire obligatoire en 1963, sous prétexte de lutter contre "la fainéantise, le vagabondage, le parasitisme" - Castro s’est toujours fait une belle idée de la jeunesse ! Ce service d’une durée de trois ans suscita une forte opposition, notamment chez les Témoins de Jéhovah (qui sont, par principe, objecteurs de conscience). La répression s’abattit immédiatement et avec férocité sur les opposants.


Ensuite, le rationnement de la population sur ordre du "Mincin" (abréviation tout orwellienne du Ministère du Commerce) est aussi à ranger parmi les "hauts" faits du régime. Chaque Cubain se vit, du jour au lendemain, astreint à ne pas dépasser un certain volume de biens de consommation et à se ravitailler dans le magasin qui lui avait été assigné. Là aussi, la délation contre les "spéculateurs" (punis de mort) fut vivement encouragée par le tyran.


Il est parfois souligné que la révolution fut d’abord portée par un formidable élan populaire. Mais c’est oublier la duplicité de Castro qui, comme rappelé au début de ce billet, feignit initialement de refuser toute couleur marxiste à ses ambitions. Or, la population dut vite déchanter - et ce, bien avant que le lider maximo ne s’alignât officiellement sur l’URSS. Dès 1960, 70% de la production nationale était passée dans les mains de l’État. Les ouvriers étaient sermonnés par le nouveau pouvoir pour leur "américanisme" supposé et soupçonnés en permanence d’ "absentéisme contre-révolutionnaire". Les propriétaires d’entreprises supposées "abandonnées" étaient chassés ; il en alla de même pour les personnes mettant en location leurs biens immobiliers. Enfin, le racisme d’État fut très rapidement instauré, frappant en particulier les pratiquants de cultes afro-cubains (que le régime exhibe depuis lors comme attractions de foire devant les visiteurs de marque...)
La castrisme fut clairement, comme tous les pouvoirs bolcheviques, une révolution dirigée contre la population pour le bénéfice de quelques satrapes se piquant d’idéologie progressiste.


Maintenant que le vieux despote est en train d’avaler son extrait d’acte de naissance, que va-t-il se passer ? Pour ma part, j’espère de tout cœur que le peuple cubain en profitera pour se soulever contre le frère cadet du sinistre dictateur et recouvrer enfin la liberté. Mais seul l’avenir le dira.


Sur l’avenir cubain, je vous conseille ce billet de Lucilio paru en juin dernier.

UPDATE : avec un peu de retard, je signale cette analyse signée Jacobo Machover (auteur de Cuba, totalitarisme tropical), parue dans Le Figaro du 3 août.

1 commentaires

Blogger libergold a écrit...
Et malgré tous les bienfaits de cher Fidel, certains socialos français osent encore le critiquer :

Fidel Castro est ..." un libérateur"

http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-27787404@7-37,0.html
à 4:49 PM
 

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