On a évité le pire
Une note positive tout de même pour ce résultat d'élection décevant où le candidat libéral atteint péniblement la quatrième place derrière Mr Plus (à gauche). Toutefois, il faut dire que je n'avais pas beaucoup d'espoir dans son élection.Alors, comment ne pas se réjouir de l'essentiel : l'homme qui voulait importer la Sécu aux USA n'est pas élu, et je pense que c'est l'essentiel - l'économie la plus active du monde démocratique ne sera pas foutue en l'air pour voir comment ça fait.
Et dans quatre ans, avec beaucoup de courage et de travail, nous aurons peut-être une chance de gagner pour de vrai - et là, une victoire de second choix ne sera plus qu'une défaite. Dès aujourd'hui, préparons la prochaine élection!
11 commentaires
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Ca, on n'en sait rien. S'il avait été élu avec un congrès Démocrate, il aurait parfaitement pu le faire, quoi qu'on en dise.
Au passage, l'utilisation du mot "petits", plutôt que l'habituel "pauvres", histoire de forcer l'idée de domination, c'est... petit.
Tu remarqueras que j'ignore soigneusement les remarques dépourvues d'arguments, ce qui est la raison pour laquelle je répond rarement à l'autre bolchévique.
Mais il me semble plutôt que son but était:
1. de créer un système de protection public pour ceux qui n'ont pas d'assurance aujourd'hui. Un peu comme Medicaid et Medicare pour les vieux et les indigents,
2. de réduire les prix et les gaspillages des assurances privées par l'intervention étatique.
Le système de protection sociale américain actuel est tout sauf libéral: les employeurs privés imposent à leurs employés un choix d'assurance (avec des incitations sous forme d'exonérations fiscales) et les assurances et employeurs se mettent d'accord sur les tarifs et les programmes. Tout cela ressemble à un monopole privé (avec intervention de l'état) plutôt qu'à un système de libre concurrence.
Dans ces conditions, la concurrence entre un système public et un système privé ou bien un monopole public pourraient être un moindre mal.
De mon point de vue, la meilleure solution, aux Etats-Unis comme en France, serait quelque chose de proche de ce que l'Union Européenne a concocté (pour une fois qu'ils font quelque chose de plutôt libéral, on ne va pas se plaindre): liberté pour les assurances privées ou les mutuelles de proposer des contrats d'assurance et liberté pour les consommateurs de choisir leur contrat.
Toujours du point de vue libéral, la victoire de Bush marque la pérénnisation de l'interventionnisme étatique et militaire. Il n'y a guère de raisons de se réjouir. Espérons que la défaite de Kerry fera revenir le parti démocratique à ses origines (l'époque de Jefferson) et ses fondamentaux de gouvernement limité et décentralisé.
En ce qui concerne un président Kerry avec un congrès Républicain, je ne me prononce pas.
Mais pour moi, le pire des scénarios probables, c'est-à-dire l'élection de Kerry avec un congrès Démocrate, a été évité.
Juste un exemple: Bush n'a rien compris à la guerre contre le terrorisme. Il croit encore (ou feint de croire parce que cela l'arrange) à la vieille théorie qui voudrait que, sans état pour les sponsoriser, les terroristes disparaîtraient. D'où son acharnement sur certains pays comme l'Afghanistan ou l'Irak. Pourtant Al Qaeda se joue des frontières, se finance et s'organise de façon décentralisée et sans l'intervention d'aucune structure étatique.
Kerry, malgré ses défauts, avait compris que la "guerre contre le terrorisme" n'est pas de la même nature que les guerres classiques. Il était prêt à retirer l'aide des Etats-Unis à des régimes comme celui de l'Arabie Saoudite, où la dictature et la corruption ont engendré une rage telle qu'une majorité de Saoudiens approuvent Ben Laden.
Beaucoup de partisans de Bush vivent dans une réalité alternative où, par exemple, l'Afghanistan est devenu une démocratie pour avoir réussi à organiser des élections générales. C'est la thèse d'Alain Madelin, qui disait hier dans "C dans l'air" que l'Irak sera devenu une démocratie après les élections de janvier prochain. Peu importe que les femmes afghanes soient encore obligées de porter la burka ou que des centaines d'Irakiens soient tués dans la rue ou enlevés par des bandes organisées chaque mois (sans même parler des exactions des troupes d'occupation). L'important, c'est que l'état parvienne à occuper le terrain pendant suffisamment longtemps pour que des élections puissent avoir lieu et hop, le pays passe du camp des états terroristes ennemis dans celui des démocraties amies.
Juste un dernier exemple de cette hallucination collective. Le site http://diplomadic.blogspot.com/ s'était livré à une petite prédiction: Bush gagnerait avec entre 4 et 6% d'avance et plus de 300 grands électeurs, c'est à dire une victoire très nette. On sait ce qu'il en est: Bush a gagné avec 3% d'avance et 286 grands électeurs. C'est en fait une victoire ric-rac, qui s'est jouée à 2,5% des voix dans l'Ohio. Pourtant, l'auteur de cette prédiction la qualifie de "presque exacte" ("almost accurate"). "Presque exacte", cela ne veut rien dire mais nul doute que l'auteur s'est convaincu lui-même que la victoire de Bush est large.
Comme l'a dit quelqu'un: "On peut tromper tout le monde une fois ou une seule personne tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. Ce n'est pas grave, il suffit de tromper la moitié des électeurs tout le temps".
Il me semble que cette réelection, comme l'élection présidentielle françcaise de 2002 à un moindre degré, signifie que le système même de la démocratie est en crise. Il aura suffi de 3000 morts inattendus (c'est pourtant le nombre d'Américains qui meurent en moyenne chaque jour) et de deux tours en moins à Manhattan pour que la démocratie a priori la plus stable et la plus puissante de la planète entre dans une crise grave.
Ce régime n'est tout simplement pas armé pour faire face aux problèmes qui se profilent à l'horizon.
Ce qui est particulièrement intrigant, ce sont les différences entre les sondages de sortie des urnes ("exit polls" qui donnaient Kerry gagnant ou du moins en bonne position dans la plupart des "swing states", notamment l'Ohio et la Floride) et les résultats finaux, en faveur de Bush. Kerry menait en Floride avec de 1 à 4% d'écart dans les exit polls, alors qu'il a fini avec 5% de retard. Comment expliquer un tel écart?
L'analyse suivante est assez convaincante:
http://ustogether.org/Florida_Election.htm
Grosso modo, une analyse statistique assez simple laisse à penser que les systèmes de vote électronique Diebold et ES&S donnent un léger avantage à Bush, de quelques pourcents. Or ces systèmes ont déjà été mis en cause, par exemple en Georgie en 2002.
Une nouvelle forme de dictature, se caractérisant notamment par un respect relatif des institutions démocratiques, est-elle en place ? Je ne suis pas loin de le penser et les semaines qui viennent vont être intéressantes.
Jabial, ce que tu annonces d'abord comme un fait devient soudainement un procès d'intention. On n'est pas sur les 4 vérités ici.
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