MR : la voie du non-sens
Une main amicale m'a transmis un joyau de la langue de bois contemporaine : le "MR Mag'". Cela s'annonçait déjà très fort, car une magnifique faute d'impression ornait la couverture du numéro : "la voix du bon-sens" (au lieu de "bon sens" - mais peut-être s'agit-il d'un lapsus calami pour "non-sens" ?).
D'entrée de jeu, le président du Mollusque Rampant nous promet une belle guéguerre communautaire entre francophones et Flamands... "Tous unis contre les vilains Flamîns égoïstes et sociaux-traîtres !" D. Reynders propose en effet de réunir en un même gouvernement francophone les ministres wallons et bruxellois car, écrit-il, "il est essentiel de développer des synergies fortes entre (NB : il est écrit "entres" dans la publication, décidément !!) les deux Régions wallonne et bruxelloise, de soutenir des orientations politiques claires, cohérentes et complémentaires."
Visiblement, l'Excellence MR ne lit pas les journaux (on le comprend, ceci dit), car il semble ignorer que ces deux entités conduisent des politiques on ne peut plus cohérentes, étant donné que le PS est le poids lourd au sein de chacun des deux exécutifs régionaux. Difficile donc de trouver des "synergies plus fortes" ! Néanmoins, il faut noter que si la Wallonie se paye le luxe, si je puis écrire, d'être dirigée tant officiellement qu'officieusement par le même homme, Elio Di Rupo, Bruxelles est gouvernée officiellement par un socialiste non marxiste, Charles Picqué, tout en étant tenue officieusement en main par le marxiste notoire Philippe Moureaux.
Ensuite, entre l’annonce tonitruante d’un permis de conduire pour les tracteurs et la promotion du vélo citoyen et solidaire, la feuille de chou annonce avec fierté que le MR va stimuler l’économie grâce à sa "récupération" de 600 millions d’euros de recettes fiscales. C’est ce que les anarchistes collectivistes appelaient jadis la propagande par le fait : pour montrer que l’on attache peu de prix à la propriété, on vole le bourgeois ou supposé tel. Le MR poursuit donc cette entreprise d’édification des masses, dans la grande lignée de Bonnot et consorts. Mais que font les Brigades du Tigre, commissaire Valentin ?!
S'ouvre alors une page entière de moraline citoyenne et paternaliste nous apprenant que le Mollusque Rampant refuse la dépénalisation du cannabis. À la liberté et la responsabilité des consommateurs est par conséquent substituée l’addiction à la prévention étatique et au flicage des individus. Car protéger l’individu contre lui-même est véritablement une grande conquête de nos libérateurs sociaux ! "For Your Security" comme on dit dans certain film sorti dernièrement... Heureusement, un médecin membre du MR fait entendre, comme bien souvent, un son de cloche fort différent ici.
Page suivante, Jacques Simonet annonce avec fracas que, lors du scrutin communal d’octobre prochain, les équipes réformatrices défendront un programme "reprenant bien évidemment les grandes valeurs libérales". Quand on se souvient des grands principes de son président adoré ou des propositions urbanistiques du Grand Jacques, il y a de quoi s’interroger...
La fin du magazine constitue une véritable apothéose du clientélisme municipaliste. C’est un inoubliable feu d’artifice de projets plus saugrenus les uns que les autres, un concours Lépine de la démagogie dispendieuse : en plus des investissements éthiques déjà évoqués ici, le portefeuille du contribuable devra se vider, malgré lui, pour financer des maisons de la Prévention (Etterbeek) ou de la Citoyenneté (Forest), un complexe sportif (Schaerbeek), un village culturel - who's the number one ? (Woluwé-St-Lambert), la Bigbrotherisation à Koekelberg, des primes au logement pour les jeunes (Uccle), sans oublier la "chasse aux mauvaises habitudes alimentaires" à Watermael-Boitsfort.
Devant ce florilège, on doit concéder une qualité au MR : l’imagination est au pouvoir ! Les socialistes bruxellois ont du souci à se faire avec de tels concurrents. Après tout, Carine Vyghen, fraîche transfuge du PS au MR, n’a-t-elle pas déclaré cette semaine que "les socialistes n’avaient pas le monopole du socialisme" ?
4 commentaires
Un vent favorable sur la ville dit même que dans certaines communes à forte majorité allochtone, d'illustres mandataires dudit parti ont tellement la frousse de ramasser une raclée en octobre, qu'ils auraient commencé à faire du porte-à-porte....voire à boire le thé à la menthe avec des petits gâteaux. Après avoir longtemps déconsidéré les minorités, c'est le retour du boomerang...
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