30.9.05

Harry Potter, ou les bienfaits de l'alphabétisation

"L'analphabétisme moderne", disait le père d'un de mes bons amis, "c'est de ne pas connaître l'anglais". Amis analphabètes de France et de Navarre, mais surtout de France car la tradition de nombrilisme intellectuel pudiquement appelée "exception culturelle" a permis à l'analphabétisme moderne d'y faire des ravages, je vais à présent vous prouver pourquoi il est bon de ne pas être un sauvageon incapable de s'exprimer dans un autre idiome que sa langue maternelle. L'épisode VI de Harry Potter sort en librairie ce soir à minuit une. Dans ma grande bonté, je vous éviterai d'attendre jusque là : Dumbledore meurt peu avant la page 600 et c'est Rogue qui le tue. Voilà, je viens de vous gâcher votre plaisir. Mais il faut dire que HP VI, je l'ai lu il y a trois mois, quelque temps après sa sortie en anglais. Fans de Harry Potter, vous voilà punis de votre inculture. D'ici HP VII, je vous conseille d'apprendre l'anglais.


26.9.05

La Réaction masquée

Au mois de juillet, la nouvelle idole de la droite française (et pas seulement française) a prononcé ces fortes paroles:

"L'Union pour un mouvement populaire ne pense pas, et n'a jamais pensé, que le marché pouvait tout faire. Il y a des besoins essentiels de la population que le secteur privé ne peut pas satisfaire dans des conditions égales, sur l'ensemble du territoire, à un coût abordable. Le rôle du service public, c'est de les prendre en charge. Il y a aussi des domaines spécifiques de la vie collective qui sont facteurs de lien social. Je pense à l'école, je pense à l'hôpital, je pense à la Sécurité sociale. Ils doivent relever en priorité du service public. Il existe par ailleurs une conception française du service public. Elle est fondée sur un Etat puissant, mais au service de tous, un idéal de solidarité sociale et territoriale, un engagement total des agents publics consacré par le statut général. Personne, à l'UMP, ne souhaite la remettre en cause."

Rien dans ce discours statolâtre ne se distingue de propos que l'on peut retrouver, par exemple, ici.

Nous, libéraux et libertariens, avons pris l'habitude de désigner les sarkozeries comme autant de preuves que leur auteur serait un socialiste de droite. Or il me semble que cette expression relève du pléonasme.

Ainsi, quand la droite - sous l'égide de Sarkozy, notamment - recourt à des pratiques protectionnistes, elle ne le fait pas pour copier le PS, mais parce qu'elle reste fidèle à la tradition de Colbert, défendue par le monarque absolu Louis XIV. Un autre héritage de l'absolutisme est le dogme du "domaine éminent", d'après lequel l'Etat serait le propriétaire véritable du territoire. Quand les socialistes veulent exproprier les "méchants possédants" ou quand la droite fait de la musculation en expulsant des immigrés, ces factions se comportent toutes deux comme légataires de cette idée 100% étatiste et absolutiste.

C'est pourquoi lorsque les socialistes se sont organisés au XIXe siècle, ils n'ont rien inventé de très original en prônant les nationalisations, la réglementation des prix et du marché du travail, la spoliation fiscale, etc. Ils ont seulement traduit en un "discours neuf des pensers anciens". Si la droite a toujours été fidèle à elle-même, alors les socialistes en se réclamant de la gauche n'ont cessé de se comporter en fieffés hypocrites puisqu'ils incarnent en vérité la Réaction masquée.

Si bien que, au final, nous pouvons nous demander si ce n'est pas le libéralisme qui incarnerait la vraie gauche. La question reste ouverte.


14.9.05

Quel parti libéral belge ?


Ce n’est un secret pour aucun lecteur fidèle de CPS, les politiciens " libéraux " belges ne nous inspirent pas la moindre confiance. Partisans de la sécurité sociale obligatoire et de la fiscomanie hypocrite, précurseurs de l’impôt sur la mort, planificateurs urbanistiques, adeptes chevronnés de plans mercantilistes et ultra dépensiers, ils n’ont décidément rien à envier aux socialistes dont ils se servent comme épouvantails en période électorale avant de gouverner de temps en temps avec eux... Surtout quand " l’hydre vaticane " refait surface !
Car, en réalité, ce qui a constamment caractérisé les " libéraux " depuis l’indépendance de la Belgique, c’est leur anticléricalisme rabique et leur laïcardisme digne du père Combes, ex-séminariste - tout comme Staline (dont le respect de la liberté de culte n’est plus à démontrer...). Ainsi, le Congrès fondateur de 1846 établit un programme faisant de l’enseignement public un dogme constitutif des libéraux belges. Selon eux, le pouvoir civil (lisez politique) devait se voir accorder des moyens constitutionnels (entendez une réglementation orientée en sa faveur) pour rivaliser avec l’enseignement libre et confessionnel (voir cet historique du parti libéral). Ne nous étonnons pas si la liberté scolaire ne les a jamais intéressés ; seule importe à leurs yeux la soi-disant neutralité de l’enseignement. Vous savez celle qui endoctrine les élèves en leur faisant croire que l’Etat est Dieu et les partis politiques ses émissaires désintéressés et dévoués au Bien commun.
Pour citer un exemple fameux, le soi-disant doctrinaire du parti libéral au XIXe siècle, Walthère Frère-Orban, se distingua par une politique mercantiliste et dirigiste (c’est lui qui créa notamment la Banque nationale... l’inflation monétaire lui doit donc beaucoup !), tout en déployant le restant de son énergie à combattre la " pieuvre cléricale ".
A contrario, l’un des partisans les plus fervents du " moins d’Etat " fut le très décrié Charles Woeste, leader du parti catholique, que les gauchistes de bénitier et les anti-calotins professionnels présentent comme l’incarnation de la Réaction sans cœur et pleine de reproches. Certes, ce brillant juriste et bretteur parlementaire n’était pas exempt de défauts (je pense en particulier à son soutien à Léopold II dans l’affaire du Congo). Néanmoins, il faut lui reconnaître d’avoir défendu courageusement plusieurs vertus libérales importantes et bien délaissées par ses soi-disant représentants : la neutralité de l’Etat en matière internationale (en s’opposant notamment au militarisme de certains " libéraux "), la défense de la liberté religieuse bien sûr, mais aussi le refus de la rage taxatoire. Ce dernier combat fut d’autant plus admirable que, rappelons-le, la part de l’Etat dans le PIB était bien moindre qu’elle ne l’est aujourd’hui ; Woeste se demanderait sans doute, s’il revenait parmi nous, dans quelle horreur dirigiste son cher pays a sombré.

Bref, plutôt que d’encenser un parti libéral qui a constamment trahi nos idéaux, nous devrions plutôt nous intéresser à des personnalités qui ont mieux défendu la liberté individuelle que ceux qui se vantent inlassablement d’avoir " le sens de l’Etat " et qui se prétendent nos maîtres à (dé)penser.


9.9.05

Rentrée sociale

Comme les syndicats nous y habituent depuis quelques années, cette rentrée risque bien d'être la rentrée "la plus chaude depuis des années".

Alors, préparez-vous à prendre une journée de RTT ce mardi 04 octobre.

Concernant cette journée, un journaliste a posé le problème de la représentativité des syndicats. La question tournait autour de la légitimité, pour des syndicats ne représentant qu'environ 10 % des salariés, de bloquer une région pendant quelques heures.

Personnellement, je souhaiterais savoir à partir de quel niveau de représentativité, des syndicalistes ont-ils le droit de bloquer une région ? 25 % ?, 50 % ?

Bref, quel niveau de représentativité des syndicats est-il nécessaire aux journalistes pour légitimer la prise en otage d’une partie de la population ? Pour porter atteinte aux libertés individuelles ?


6.9.05

Les bons conseils de NKM

577 députés à l'Assemblée Nationale, ce sont 577 occasions quasi-quotidiennes de rigoler si on prend la peine de lire les communiqués de presse ou même les sites ou blogs personnels des élus de la Nation.

On devrait bientôt entendre parler dans les media de Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP de la IVème circonscription de l'Essonne et fondatrice du site Consodurable. En effet, elles s'est associée à Jean-Pierre Brard, Pierre Golberg (PCF), Joël Giraud, Chantal Robin-Rodrigo (apparentés PS), Maurice Leroy, Nicolas Perruchot (UDF), Christian Decocq (UMP) pour présenter un projet de loi sur le contrôle des émissions d'antennes d'émission radio. Je ne déflorerai pas le sujet ici, mais sachez que ce projet propose de limiter à 0.6 V/m le niveau maximal d'émission d'une antenne, chiffre qui ne te parlera pas beaucoup, lecteur, sauf si je précise les valeurs utilisées actuellement pour la TV (31 V/m), la radio FM (28 V/m) ou le GSM (41 à 61 V/m). Autant dire que, à première vue, ces technologies sont condamnées, mais attendons le débat public pour en savoir plus.

Ce qui a retenu mon attention, aujourd'hui, c'est une interview, reproduite sur son site perso de celle que l'on appele apparemment NKM (pas de vilains jeu de mots SVP), dans laquelle elle apporte un certain nombre de conseils assez intéressants et inédits:
Vous avez tout récemment donner naissance à un enfant. Que faut-il faire pour être une jeune maman "écolo" ?

"Difficile de dresser une liste exhaustive de tous les comportements à avoir. Je rappellerai juste quelques conseils faciles à appliquer, comme éviter d'utiliser des peintures avec solvants pour peindre la chambre de bébé et d'y installer du mobilier en bois avec solvants, préférer dans la mesure du possible du linge en coton et des poudres de lavage non agressives, aérer tous les jours plutôt que d'utiliser des désodorisants, privilégier les aliments naturels au lieu de ceux remplis de conservateurs, ou encore sortir de préférence le matin car l'air est moins pollué".
Mazette! Je comptais justement repeindre la chambre de mon petit cousin (un jeune nourrisson de quelques mois) avec de la peinture à base d'effluves d'héroïne et d'ether, et de lui offrir quelques couteaux et scalpels pour qu'il s'amuse à opérer sa petite soeur de la rate! Et je comptais justement lui donner quelques Mars et M&M's plutôt que son biberon de lait, avant de l'emmener faire une petite promenade en slalom entre les voitures sur le périphérique parisien entre 7h00 et 9h00 du matin!

Ouf, je l'ai echappé belle et mon petit cousin aussi! Merci Consodurable, merci le principe de précaution, merci les hommes et les femmes de l'Etat, merci NKM!


4.9.05

Has Katrina wrecked economic thought at the Economist ?

Chitah soulignait récemment la piètre qualité des rédacteurs de The Economist, dont les connaissances en économie semblent se réduire comme peau de chagrin à chaque nouvelle parution. Cette semaine, dans l'éditorial de couverture, toutes les bornes de la stupidité ont été dépassées. J'ai donc envoyé un courrier à la rédaction du magazine "The Economist".



Sir,

Reading my copy of the Economist while enjoying a nice breakfast and a cup of colombian coffee, I was shocked by the economic nonsense featured in this week's leader ("A city silenced") :

"History suggests that the hurricane will have little effect on the national economy. Despite all the pictures of sinking hotels and flooded convention centres, the overall impact of natural disasters is often close to neutral : lost output (which will be large) is then compensated for by a surge in reconstruction and public spending (also large). That may be a scant comfort to individual hoteliers, residents and insurers, but on a national level the economic damage will be real but limited."

The first issue of the Economist was published in 1843. In 1850, Frédéric Bastiat's "Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" came out of the printworks. That this book somehow failed to attract the attention of your columnists for the last 155 years is indeed a remarkable feat, but unfortunately it is a very discomforting one.

Bastiat wrote a little story in the chapter "La vitre brisée", to illustrate a point which perfectly fits the hurricane situation. I sincerely hope that this piece of classical economic litterature will be passed on to the ignoramus who wrote the column.

The story is about a storekeeper whose boy, a naughty little brat, has managed to break the window of his shop. The passers-by try to comfort him by explaining him that the money spent on repairing the window will provide a boost to the local economy, and so that his loss is actually compensated by a corresponding gain made by the glazier. Bastiat then proceeds to explain how nonsensical this reasoning is : although the glazier indeeds makes a profit, provides work to his aides and is able to pay them a salary, the shop owner himself has been deprived of a sum of money. This sum could have been invested for instance in buying new shoes. The broken window diverts money from its intended use to another use. There are two consequences :

- first, the money indeed makes the glazier and his aides richer, but it also deprives the bookkeeper of an additional income. The richer glazier is what we see. The not-richer bookkeeper is what we don't see. Of course, you could argue that so far we are, on the whole, in a zero-sum game.

- But add to that the fact that, instead of enjoying both a window and a book, the shopkeeper now only enjoys a window. He is less satisfied than he could be had the window not be broken. The shopkeeper being a member of society, this means that there is indeed a loss for the society, which is the value of this broken window.

As Bastiat puts it "destruction n'est pas profit".

The huge sums of money that will be used for the reconstruction of the damages caused by hurricane Katrina are diverted from another more productive use, whether they are private (i.e. insurance companies) or "public" (taxes or public borrowing), and are spent just to restore economic potential, not to buy additionnal potential. The "opportunity cost" of the hurricane is huge. I am surprised that your columnists are not aware of this simple economic fact.

To help you enlighten them, I have pasted below the original text by Bastiat. I hope this will help your publication to straighten up its economic standards, which are currently far too shabby to justify the very name "The Economist".



Sincerely yours,


Constantin H.


2.9.05

Le Prix de la démocratie

Une étape importante vers la libéralisation de nos sociétés me paraît être la responsabilisation des électeurs. Pour ce faire, une réforme cruciale consisterait à obliger ceux qui ont voté pour tel élu à s'engager à le rétribuer avec leurs propres deniers de son entrée en fonction jusqu'à l'expiration de son mandat.
De ce fait, d'abord, le financement public des partis (qui a pour objectif de fermer l'offre politique) plongerait dans les poubelles de l'Histoire. Ensuite, cela mettrait un terme à l'hypocrisie des gens qui n'ont que le mot "démocratie" à la bouche et qui se refusent à assumer les conséquences de leur vote, mais les font exclusivement peser sur le contribuable. On verrait alors quel prix ils donnent à l'activité politique. Vu, ensuite, que la plupart des élus tendent à ne pas tenir leurs promesses quand elles vont dans le sens de la liberté, ils seraient placés sous une salutaire épée de Damoclès.
Evidemment, cette réforme supprimerait l'anonymat "sacré" du vote. Dès lors, le risque de passer aux yeux des autres pour un supporter d'esclavagistes et de captateurs de richesses dissuaderait probablement davantage encore les gens de se déplacer jusqu'aux urnes. La servitude mutuelle et collective qu'est la politique apparaîtrait pour ce qu'elle est : un jeu de dupes.